Je ne peux commencer cette chronique sans rendre hommage à Marcel Jacob bassiste de Talisman et de Last Autumn's Dream qui s’est éteint à l’âge de 45 ans le 21 juillet dernier et qui a participé à la naissance de W.E.T. Nous pouvons le voir parmi ses camarades sur le clip figurant en bas de cette page. Rest in peace Marcel.
W.E.T. est un acronyme. Le W rappelle Work of Art, groupe suédois ayant sorti un excellent album teinté Toto l’an passé (voir la chro sur MW), le E se rapporte à Eclipse, groupe des mêmes contrées proposant du Hard Mélodique de bonne facture (voir les chros de leurs albums sur votre site préféré) et le T fait référence à Talisman, troisième groupe suédois officiant dans la même veine musicale, auteur de sept albums studio (dont le dernier est chroniqué en nos pages).
Nous retrouvons donc ici avec plaisir des membres de ces groupes scandinaves. Erik Martensson et Magnus Henriksson, guitaristes d’Eclipse, Robert Sall, gratteux de Work of Art et l’insatiable Jeff Scott Soto, premier chanteur de Malmsteen, vocaliste de Journey durant leurs tournées 2006-2007 et frontman de Talisman. Ce dernier évoque cet opus en ces termes : « voilà le disque que j’aurais sorti si j’étais resté avec Journey »… Alors, sommes-nous en présence d’une bonne idée de promo ou face à une réalité gouleyante ?...Hé bien sur ce coup-là, Frontiers a vu plus que juste, leur Idée de réunir ces garçons mérite de s’écrire avec un grand I, voilà ce qu’on peut appeler « avoir un flair de limier ».
Car je vous préviens chers lecteurs, mettre ce disque sur sa platine et appuyer sur ‘‘play’’ revient à rester coincé dans une machine à baffes le temps qu’une émission de Hard Rock passe à la télé française publique en prime time ! Vous qui pleurez chaque jour qui passe de ne pas avoir votre saoul de puissance et de mélodies conjuguées, vous pour qui le son des 80’s vous fait l’effet de la madeleine de Proust et qui faites brûler des cierges sur l’autel des guitaristes suédois à la mode (un petit poster de Magnus Karlsson pour Noël peut être ?), soyez aux anges, W.E.T. va devenir votre disque de chevet, votre bible sonore, votre poumon d’acier, peut être même votre meilleur ami ! Mais que contient cet opus pour mettre dans cet état un chroniqueur de MW qui en a vu d’autres en plus de trente ans de musique métallique ?
Pas grand-chose…
Juste un titre à ranger juste à côté des plus grands morceaux de Journey par exemple. Car « If I Fall » est à W.E.T. ce que « Be Good to Yourself » est à l’ancien combo de JSS. La ressemblance est hallucinante, de la mélodie catchy au possible, aux chœurs splendides en passant par le long solo final ‘‘à la Neal Schon ’’, tout nous replonge à l’époque bénie de « Frontiers » (mais ils sont partout !) et de « Raised on Radio ».
Juste deux ballades à plonger dans les yeux de sa dulcinée pour s’y noyer et remonter du fin fond de ces abysses pour mieux recommencer le saut de l’ange. Car « One Day at a Time » et « Comes Down Like Rain », grâce à la sensualité du chant de Scotto et aux incendies allumés ici et là par les duettistes de la six cordes sont carrément les slows de l’année.
Juste un morceau à tomber à genoux en criant grâce car après avoir pris avec « Brothers in Arms » un riff tranchant de plein fouet visage, une mélodie phénoménale en plein torse, un break improbable (hé non, pas de solo !) dans l’estomac et une ascension mélodique vers le refrain dans les parties sensibles, vous ne ferez pas le fier.
Juste deux titres aux riffs monstrueusement efficaces et aux mélodies qui (vous connaissez cette chanson) peuvent hanter vos platines des jours et des jours. Car « Invinsible » qui ouvre l’album et, encore mieux « One Love » qui s’y enchaîne, sont (avec deux titres du dernier House of Lords – voir la chro sur nos ondes) les meilleurs titres qui m’aient été donné d’écouter cette année.
Juste un morceau tout droit sorti de « 1987 » l’énorme album de Whitesnake. Car « Running from the Heartache » mid-tempo à la parfaite mélodie est doté d’un solo que Sykes pourrait avoir signé.
Ces petits pas grand chose ont quand même fait un grand album. Vous pouvez foncer tête baissée si vous aimez le style, nous ne sommes pas loin ici de la perfection. Mais gardez la froide - la tête - tout de même et ne lâchez pas trop de ‘‘Wet Wet Wet’’ à tout va, car les écossais de la Pop pourraient bien revenir ce qui risquerait de vous mettre dans une humeur moins joviale.