3 est le titre très original trouvé par John Elefante pour nommer le troisième album de sa formation : Mastedon. Ce nouvel opus, que l’on n’attendait plus, sort 19 années après son prédécesseur « Lofcaudio ». Le premier album « It’s a Jungle Out There ! » date lui de 1989. John Elefante, connu pour avoir été le claviériste/chanteur du géant de l’AOR, Kansas, au début des années 80, le temps de deux albums, a aujourd’hui 51 ans. Et après avoir passé plusieurs années entre ses manettes et sa carrière solo, il retrouve pour notre plus grand bonheur son complice de frère Dino, avec lequel il travaille depuis le début, sur ses multiples projets.
3, c’est le parfait mélange entre l’AOR classieux des 80’s et son pendant moderne. Ce n’est pas aux frères Elefante que l’on va apprendre à faire la grimace. Ces gars là en connaissent un rayon sur le sujet et déjà, en leur temps, les deux premiers opus du groupe faisaient figures de référence. Mais là ou Mastedon tire son épingle du jeu, c’est en insufflant une dose suffisante de modernité dans leur musique : grosses guitares, production juste assez moderne, lignes de chant et de gratte dans l’air du temps... Tout y est savamment dosé pour plaire autant aux jeunes fans du genre qui ne connaissent pas le groupe comme aux vieux briscards avides de retrouver les ambiances du passé. C’est ce parfait équilibre qui fait la force de 3 et le classe sans aucun doute en tête des productions AOR de cette fin d’année.
« Revolution Of Mind » démarre l’album avec une force tranquille, très orienté clavier et voix chaude. Il pourrait plaire, comme d’autres passages de l’album, aux fans de Survivor ou Joe Lynn Turner. Ce qui frappe de suite et qui fait la force de Mastedon, c’est la voix unique John Elefante, parfaite dans les graves comme dans les aigus (« You Can’t Take Anything » et « Lying »). La guitare elle aussi tire son épingle du jeu et apporte un réel plus à chaque titre. Certains passages évoquent même le jeu de Steve Lukather comme sur la superbe power ballade « Nowhere Without Your Love » ou le massif « One Day Down By The Lake » (sur laquelle Kerry Livgren fait une apparition remarquée), qui débute comme un titre AOR assez rapide pour se terminer dans un genre épique progressif très inspiré.
« Slay Down Your Demons » surprend avec ses mélodies orientales et « Water Into Wine » ainsi que « The Western World » devraient plaire aux fans de gros riffs. Attention, on n’est pas chez Pantera non plus ! J’ai, personnellement, un petit faible pour le titre « Lying » et sa mélodie de guitare unique. L’album, plein comme une outre, se termine par une version acoustique du « Dust In The Wind » de Kansas (décidément ce nom revient beaucoup à l’écoute de l’album), qui n’a pas à pâlir devant l’originale.
3 ressemble ainsi à un album de rock parfait, et c’est ce qui pourrait en faire, aux yeux de certains, sa faiblesse... Tout y est maîtrisé, des harmonies aux mélodies accrocheuses en passant par un chant et des chœurs desquels rien ne dépasse et les musiciens, ultra professionnels, allient technique et feeling avec brio. Mastedon vient de prouver avec 3 qu’il reste, malgré un parcours discret, un Maître du genre. A écouter sans modération !