Erigé sur les cendres de feue Schizophrenia responsable d’un EP du même nom en 2008, Sihtu déboule dans les bacs cette année avec un album des plus prometteurs. Et au contact de ce dernier, nous sommes en droit de nous demander si la France ne serait pas en passe de devenir la nouvelle plaque tournante du thrash moderne... Avec « V.I.T.R.I.O.L », la question mérite vraiment d’être posée car, à l’instar de Swim in Styx et d’ERIN, Sihtu nous propose un nouvel album décliné sur le modèle Meshuggah.
Comme pour les productions de ce dernier et ses compatriotes, « V.I.T.R.I.O.L » est un véritable assaut métallique sans aucun temps mort, un enchevêtrement de riffs polyrythmiques acerbes à faire suffoquer le plus fervent amateur du style. Et comme son nom l’indique « Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem » qui signifie « Descends dans les entrailles de la terre et en distillant, tu trouveras la pierre cachée », ce premier album nous entraîne dans les profondeurs les plus abyssales tout le long d’une descente que l’on pourrait qualifier d’infernale tant le son restitué est à la fois puissant, sombre et hypnotique. Il en ressort que l’essentiel de la démarche de cet opus chaotique est indubitablement à chercher du côté du modèle Meshuggah avec comme point d’orgue la trilogie éponyme brulante de l’acide sulfurique en question qui rappellera la folie conceptuelle de « Catch 33 ».
Mais cantonner Sihtu a un nouveau et simple clone de Meshuggah signifierait que vous êtes passé à côté de certaines subtilités comme l’envoutant rythme lent et hypnotique de la sublime clôture « Discord and Chaos » dans la droite lignée de celui d’ « Indians » tiré de « The Link » de Gojira.
Au final, les fans ultimes d’un genre popularisé par Meshuggah trouveront leur bonheur dans cet opus, les autres stigmatiseront un modèle trop souvent copié et mettront en avant une certaine lassitude. Les uns comme les autres auront raison tant Silhtu peut être qualifié de nouveau rejeton très doué de Meshuggah, l’originalité en moins ! Et plus que répondre à la question en préambule de savoir si la France est le nouvel havre de paix du thrash moderne, la réelle question est de savoir si la France qui est loin d’être reconnue pour son goût du metal ne risque pas la saturation du genre à moyen terme ?