Blue Öyster Cult continue son virage amorcé en 1976 avec le plus coloré « Agents Of Fortune ». Le groupe va se stabiliser au début des années 80, mais avant cela nous auront droit à un « Spectres » assez moyen et un « Mirrors » franchement inquiétant. Nous sommes en 1977 et après avoir sorti quatre albums sans réelles fausses notes, le groupe assagi fait encore évoluer sa formule. Cherche-t-il à entrer dans les charts ? Vise-t-il un public plus mainstream ? Qui sait ?
Toujours est-il que la majorité des titres de cet album manquent cruellement d’inventivité, d’audace et de mordant. L’esprit rock et révolutionnaire des débuts n’est plus. L’écoute de « Spectres » nous laisse en bouche comme un goût de guimauve. Si nous ajoutons à cela une prise de son plus que limite (5 musiciens sous prozac dans un aquarium), il y a vraiment de quoi faire la moue, même quand on est fan du combo de Long Island. « Fireworks » aurait plutôt des allures de pétard mouillé et des titres comme « Celestial The Queen », « Death Valley Night » et « Going Through The Motion » sont vraiment mous du genou, même si certains passages instrumentaux restent agréables. Bloom et Dhrama laissent ici souvent la place au micro à un Joe Bouchard qui, il faut bien l’avouer, s'avère moins enthousiasmant. Les sons de synthés ne sont pas toujours opportuns et les claquements de mains de « Going Through The Motion » feraient presque sourire. Certains titres, comme « Death Valley Night » auraient gagnés à être plus nuancés, plus appuyés sur certains passages, afin de maintenir la dynamique et par là même l’intérêt de l’ensemble.
Heureusement quelques titres plus proches de l’esprit des débuts sauvent la mise. Certains comme l’hymnesque «Godzilla » (et sa rythmique pachydermique) sont devenus des incontournables de BÖC. « Golden Age Of Leather », qui débute a capella (où ça ?), est un grand moment de rock n’ roll : rapide, habité, fédérateur et furieusement instrumental en son milieu. Ceux qui étaient présents au concert de Leffrinckoucke en Septembre 2008 s’en souviennent comme d’un grand moment. L’autre passage très costaud, c’est « R.U Ready 2 Rock » et son riff inspiré qui eu lui aussi son heure de gloire. Enfin, la dernière réussite est « Nosferatu », un titre tout en piano et claviers vaporeux, pâle et morbide comme le personnage du même nom dans le film de Murnau : A écouter absolument !
« Spectres » est finalement, en dehors des bons titres précités (et qui valent vraiment le détour) le premier album dispensable de la discographie de Blue Öyster Cult. La version remasterisée sauve tout de même la mise niveau son (on pouvait difficilement faire pire) et propose en bonus anecdotique un BÖC qui se la joue tour à tour Beach Boys ou Rolling Stones et même The Ronettes avec la reprise du tube « Be My Baby ».