Certains groupes mettent des années à croiser le chemin du succès tandis que d'autres n'auront même jamais la chance de l'arpenter. Et puis il y en a, peu, qui font marcher le tiroir-caisse à peine après avoir lâché leur premier rôt. Five Finger Death Punch fait incontestablement partie de cette troisième catégorie.
Fondé en 2005 par le guitariste Zoltan Bathory (!), ce collectif américain a explosé deux ans plus tard les charts dès son galop d'essai, The Way Is The First, produit tout de même par Logan Mader (ex-Machine Head, Soulfy). Et les bougres sont entrain de transformer l'essai avec ce War Is The Answer, bénéficiant cette fois-ci des doigts experts de Kevin Chucho (Ozzy Obsourne) et de Randy Straub (Metallica...) pour le mixage. Pour autant, un bon accueil commercial ne fait pas forcément (toujours) un bon disque.
Mais Five Finger Death Punch a pas mal d'atouts dans sa besace et notamment celui de savoir manger avec une réussite plutôt éclatante à tous les râteliers : thrash burné mâtiné d'une louche de heavy (le puissant "Dying Breed" en ouverture, le bien nommé "Bulletproof", blindé par une rythmique de panzer), le gothic dark metal à la Paradise Lost ou Katatonia dernière période (les entêtants "Hard To See", "Walk Away" et "No One Gets Left Behind", vrillé par des riffs que n'auraient renié les anglais), mid-tempo qui prend aux tripes ("Falling In Hate"), ballades pour roucouler à l'arrière d'une décapotable ce que le groupe ne réussit pas le mieux ("Crossing Over", "Far From Home"). Il ose même se fendre d'un instrumental tout en progression, "Canto 34", exercice remporté haut la main qui démontre que l'on n'a pas affaire à de simples opportunistes.
Bref, il y en a pour tous les goûts mais l'assemblage est suffisamment bien fait, et distille juste ce qu'il faut de noirceur millimétrée pour permettre à War Is The Answer d'honorer son cahier des charges. Ajoutons à cela, outre une prise de son claire mais râblée, un travail au niveau du chant, oscillant entre explosion rageuse, lignes profondes ("Bad Company", reprise de la légendaire formation du même nom) ou tessiture plus posée quand il le faut, ainsi qu'une capacité à tout résumer en l'espace de trois-quatre minutes, pas davantage, qui empêche l'auditeur de se lasser. Heureusement, synthétique ne rime pas toujours avec calibré, quand bien même ces chansons ont clairement été conçues pour faire du gringue aux ondes US. Ce n'est pas grave.
Conjuguant enveloppe à l'américaine et sensibilité européenne, Five Finger Death Punch est donc une fréquentation tout à fait intéressante et recommandable qui a le bon goût de ne pas patauger dans le metal/deathcore que bien trop de traîne-savates croient judicieux de nous inonder depuis quelques années ! Furieusement actuel sans suivre le dernier wagon à la mode, ce que tend à prouver son visuel à "l'ancienne"... On ne peut que s'en féliciter !