En médecine musicologique, il existe un syndrome troublant dont les raisons sont assez difficiles à expliquer, et dont les effets sont relativement insupportables. Ce syndrome est connu sous le nom de d’électronicus-minimalus, plus généralement désigné par la formule « Qui peut le moins, peut le moins ». Les patients ne sont pas si nombreux à être connus du grand public, mais on en dénombre pourtant quelques-uns uns particulièrement célèbres, tels que M. Steven Wilson lorsqu’il officie au sein de Bass Communion, ou M. Robert Fripp, lorsqu’il s’est mis en tête de s’éloigner du rock progressif pour plonger dans le « rock cérébral » (en étrange dans le texte).
Mais qu’est-ce donc précisément que ce mal au nom barbare qui vient nous écorcher les oreilles avec une si grande bonne volonté ? Tout débute par une volonté du patient d’épurer sa musique, de trouver LE son, L’effet, LE bruitage, LE crépitement magnétique en infra-fréquences inaudible même par nos amies les taupes, bref : une volonté de trouver LE vide qui aura l’air d’être un plein. A ce jeu là, autant le dire tout de suite, les Italiens de Castalia ont trouvé très peu de vide, et très peu de plein.
Tout continue ensuite par la tentative louable mais pénible de vouloir faire de cette agrégation de sons hétéroclites une mélodie ambiante sensée nous emmener tour à tour aux confins du rêve ou de la léthargie. L’ensemble de ces manifestations pourra se voir régulièrement affublé de quelques bruitages technoïdes au goût plus ou plus douteux, à l’instar de ceux que vous aurez le déplaisir d’entendre sur la pièce "Porquerolles" de cette galette, bien piètre hommage pour un aussi bel endroit soit dit en passant.
Résultat ? Vous pourrez par moment avoir l’impression d’écoute les faces Z d’un album de Air lors de l’introduction "Marciana Marina", mais vous aurez par la suite la très désagréable sensation de vous être fait piller de vos quelques deniers avec une insolence rare, tant tout dans cette « œuvre » confine à l’ennui et à la médiocrité musicale. En définitive vous en viendrez sans aucun doute à rire ou pleurer selon votre capacité de dérision.
Afin que tout n’ait pas été fait en vain, vous réunirez alors une assemblée d’ami(e)s glanés ici et là dans quelques expositions d’art comptant-pour-rien où s’exposent des feuilles blanches rayées blanc sensées représenter la vacuité du vide, et vous leur offrirez comme gage de votre formidable capacité d’appréciation esthétique une écoute de cet anti-monument culturel.
En conclusion, vous enterrerez quelque part dans votre jardin ou dans votre poubelle cet album, en même temps que dans votre esprit la conviction désormais indélébile que la folie est partout et qu’il existera bien quelques fous pour la comprendre. En espérant que cette chronique vous aura servi de vaccin et qu’on ne vous verra jamais arpenter les yeux hagards le rayon New-Age de votre disquaire, fin de la consultation.
N.B. : L’auteur tient à préciser qu’il reconnaît d’indéniables qualités à la musique ambiante, et qu’il est lui-même particulièrement friand des travaux de Bass Communion. Ce disque n’en est qu’un très médiocre représentant qui ne rend aucunement grâce à la difficulté du genre. Objectivement à éviter !