Il est des groupes qui se chargent de faire revivre des phases de l’histoire du rock, et ce quelques décennies après la quasi-extinction du genre. Depuis dix ans et deux albums, The Brimstone Solar Radiation Band se livre à l’exercice de style avec un certain brio et connaît légitimement un succès d’estime. En effet, ces norvégiens s’abreuvent avec une certaine festivité d’un rock des années 60’s/70’s et son cortège d’influences millésimées.
Sans pouvoir éclairer en particulier l’ombre d’un mentor des Bergenois, certaines formations semblent visiblement avoir participé indirectement à la confection de « Smorgasbord ». Avec son psychédélisme, ses orgues Hammond et Farfisa, mais aussi quelques cuivres, Caravan et un certain côté de la scène Canterbury plus généralement semblent pointer le bout de leurs chemises à jabot. La légèreté des mélodies prédomine, tout comme un état d’esprit d’apparente liberté. Le quintette égraine pendant près d’une heure ses douze objets, la fleur au fusil, et donne à l’occasion, grâce à une atmosphère presque radieuse, des airs de « San Tropez » de Pink Floyd.
Avec ces références là, les tempi aux sonorités jazzy sont forcément souvent à l’honneur à l’instar de « American Riot Hill » et son solo nonchalant et harmonieux de saxophone. Une nostalgie accentuée par les Hammond, violons ou autres trompettes, couvre alors « Smorgasbord » de son voile apaisant (« Godspeed Mother Earth », « Happy »), se substituant à l’allégresse palpable des autres morceaux.
Malgré une production résolument moderne, le décor planté par un scalde nommé Rolf Edvardsen, au timbre parfois proche de celui de Paul McCartney, mêlé à des musiciens talentueux, ne peut cacher les racines profondes du groupe, qui s’enfouissent depuis le premier album éponyme quelques cinq ans plus tôt.
Le rock 60’s/70’s n’a finalement pas encore fait son temps. Tant que des formations de l’acabit de The Brimstone Solar Radiation Band se chargeront de remettre au goût du jour cette période charnière de la musique moderne, ce genre aura encore de beaux moments devant lui. Ce dernier opus des norvégiens en est la preuve par l’effet, celui d’un plaisir qui paraît simple mais qui demeure aussi précieux.