Il en va du metal comme de n'importe quel autre genre musical : il n'échappe pas au piège de la mode. S'il y a dix ans, beaucoup ne juraient que par le true metal ou le stoner rock du fumeurs de pipe à eau, aujourd'hui, c'est plutôt le gothic metal "à chanteuse" qui a (pour combien de temps encore ?) la faveur des porte-monnaies. De fait, chaque label tente de mettre le grappin sur la poule aux oeufs d'or, le nouveau Lacuna Coil. C'est le cas de Massacre Records qui semble vouloir miser sur Elysion, équipe encore toute fraîche née en Grèce en 2006 et dont Silent Scream constitue le galop d'essai après une démo remarquée. Et il a peut-être raison.
Pourtant, les premières impressions, véhiculées par un visuel "timburtonesque" et par une nouvelle chanteuse, Chritianna, au look un brin vulgaire et qui remplace une Maxi Nel dont on espère avoir bientôt des nouvelles, ne sont pas des plus encourageantes. Ne croyez surtout pas trouver chez ce groupe un quelconque indice d'originalité car il se contente de reproduire la recette qui a tant réussi à Lacuna Coil, Evanescence ou Within Temptation depuis The Silent Force. Des gros riffs aux ambiances (très) légèrement sombres, tous les invariants du genre sont bien alignés comme des pinces à linge sur un fil. Même la voix puissante de la nouvelle recrue dégage un air prononcé de "déjà-entendu".
Ceci dit, Silent Scream fait néanmoins rapidement son trou car son menu bien moulé dans un corset de mélodies séduisantes ("Dreamer", "Killing My Dreams", "Don't Say A Word"...) se drague sans difficulté. Ses formes sont accrocheuses ("The Rules", "Never Forever") bien que des plus banales, ses hanches ondulent avec un savoir-faire incontestable et ont le bon goût de ne pas trop adopter le rythme des slows réchauffés ("Bleeding", "Far From The Edge"). Dommage que Elysion ne mise pas davantage sur les atmosphères, comme il sait pourtant le faire. "Erase Me", titre un peu plus ambitieux que les autres, semble le démontrer, timidement toutefois.
Voilà donc un album ni meilleur ni pire que la production courante dont le gothic metal avec voix féminine nous a habitué depuis un moment, bien qu'au-dessus de la moyenne cependant. Le timbre de Christianna, associé à une écriture, stéréotypée certes mais à l'efficacité incontestable, y sont sans doute pour beaucoup. Les admirateurs du style devraient succomber au charme grecque. Mais le groupe parviendra-t-il à faire de l'ombre à ses modèles ? Avec une personnalité plus affirmée, il pourrait réussir cette gageure mais on en est encore loin ...