Quand j’ai lu sur mon fichier le genre accolé à ce jeune groupe Suisse, je me suis dit : “Super ! Du Hard Rock, du vrai ! AC/DC, Purple, Led Zep et autres ! Ca va donner !» Quelle déception alors à l’écoute des premiers titres de ce « Time To Explode » ! Ma casquette de chroniqueur vissée sur le front, je jette sur papier mes premières impressions : Moderne (à la Placebo) – incisif – chant anglais (à la Robert Smith) peu maîtrisé dans les intonations et monocorde - musique assez linéaire, peu de modifications dans la structure d’un titre, pas de solo - idéal pour les jeunes chevelus rebelles en quête de révolution après les cours de maths. J’avais déjà enterré le groupe ! Et puis, mine de rien, au fil de l’écoute, l’univers de Slag In Cullet finit par s’imposer, par charmer même. La démarche du groupe, très honnête, rappelle parfois celle d’un Skunk Anansie, dans la forme. Ces jeunes là en veulent !
Slag In Cullet débute sa carrière en 2005 en s’imposant dans les boites et les festivals ainsi que sur Myspace. Très vite, le label anglais Headroom Records les repère. Se déplaçant pour les découvrir sur un concert, il va les signer le soir même. Après la sortie d’un premier single en Septembre 2009, le robuste « Rubber Heart » et son énorme basse caoutchouteuse, l’album parait fin Octobre.
« Time To Explode » porte bien son nom. Ce groupe, connu pour déployer en concert force et émotion, fait preuve ici, à défaut d’un grand professionnalisme, d’une belle énergie. Pour vous en convaincre, il vous suffit d’écouter « My Fire », un titre bien construit (la batterie qui se ballade sur les arpèges) et à l’esprit sombre et mélancolique, ou encore « Saved My Soul », sans doute un des meilleurs moments de l’album, tout en nuance et au refrain efficace. Le contraste entre les titres posés et plus musclés apporte une certaine intensité à la musique.
Côté parole, il y a de quoi plaire aux bilingues. Le chanteur Andy Röösli, qui « se laisse inspirer par la vie elle-même », manie la métaphore avec beaucoup de talent. « Those Stripes » qui oscille entre rock nerveux et acoustique dépressif, interpelle, et « In Memories », up tempo à la Cure, nous laisse entrevoir un peu de soleil à travers ces nuages. En outre, la seconde partie de l’album est bien plus faste que son début (l’habitude est plutôt à l’effet inverse). Le groupe s’y fait bien plus présent, plus inspiré, chaque titre développant un univers propre.
Alors comme dans tout premier opus, il y a des défauts. Certains sont liés à la voix ou cités plus haut. Les musiciens se cherchent encore et certains titres manquent d’intérêts. Mais cela leur est pardonnable et en poursuivant dans cette voie, en gagnant en personnalité, Slag In Cullet, qui donne plus dans le rock moderne que le hard, a de fortes chances de faire encore parler de lui, et en bien. Comme quoi, il ne faut jamais jurer de rien...