Résumé des épisodes précédents : à la suite du départ de Dave Navarro, pour cause de consommation de drogue, les Red Hot Chili Peppers refont appel à John Frusciante qui avait été débarqué 6 ans plus tôt pour... consommation de drogues… Apprenant que leur ancien camarade de jeu était sans argent et sans logement, ils lui proposent de réintégrer le groupe pour y faire acte de repentance. Une si belle version ne peut finir que par un « Happy end ». Et de fait le fruit de cette union sera un des plus gros succès commercial des Red Hot Chili Peppers.
Pour revenir à des considérations plus musicales, on peut considérer que "Californication" est une continuité du mature et sombre "One Hot Minute" mais avec l’ajout d’un petit grain de folie et de gaité puisés dans la période "Mother’s Milk". Comme ses prédécesseurs, le disque comporte encore des pépites incontournables à l’image de 'Around The World' et de son sublime solo de basse ou bien de 'Road Trippin', à la fois mélodieux, doux et envoutant. ' Californication', n’est pas en reste avec son refrain calibré pour les radios qui cache cependant un texte d’une grande noirceur dans lequel les Red Hot Chili Peppers évoquent une fois de plus Kurt Cobain. Et enfin le méga hit, 'Scar Tissue' et ses étranges sonorités de guitares... Frusciante les avait expérimentées sur son premier album solo. La technique consiste à jouer 2 notes éloignées les unes des autres mais produisant un « rythme cool » selon lui. Il est dommage que la musique soit un peu desservie par des paroles que, selon son degré d’indulgence, l'on pourra trouver soit bâclées, soit poétiques. Plusieurs textes sont d’ailleurs particulièrement obscurs comme par exemple 'I Like Dirt'.
A cotés de tous ces titres relativement mainstream subsistent tout de même quelques petites bombes d’énergie funky comme 'Right On Time', un pogo débridé et relayé par un refrain harmonieux, et surtout la perle 'Get On Top'. Ce dernier titre, inspiré d’un morceau de Public Enemy, utilise de nombreux effets de pédale Wah-wah. Le solo devait originalement être plus flashy, mais après avoir écouté celui de Steve Howe sur 'Siberian Khatru' (Album "Close To The Edge" de Yes) il décida de créer un contraste entre une chanson rapide et un passage de guitare beaucoup plus clair et propre. 'Around The World', autre titre aux accents funky, fut un des plus difficiles à finaliser. Le riff de fin fut trouvé par Frusciante très tardivement en écoutant 'Carnage Visors', un titre bonus de l’album "Faith" de The Cure. Ces influences assumées sont d'ailleurs assez nombreuses et l'on peut ajouter à cette liste 'Savior' dont les nombreux effets masquent le fait que la guitare est directement inspirée de soli d’Eric Clapton, période Cream.
Les rares critiques concernant le virage commercial du groupe seront balayées par le raz de mare que provoquera la sortie du disque. Celui-ci montera jusqu’à la 3ème place des charts US (n° 5 en Angleterre, n° 1 dans les pays suivant ; Finlande, Autriche, Nouvelle Zelande et Suisse, et enfin à la première place des Hit parade français). L’album sera quintuple disque de Platine aux USA et dépassera les 15 millions d’exemplaire dans le monde. Au signe de son importance, 5 des 16 titres du "Greatest Hit" des Red Hot Chili Peppers seront issus de "Californication". Incontournable !