« Something Left Unexplained » est le nom du tout premier album des québécois de « Stareblind ». Le groupe, originaire de Montréal, s’est formé au début des années 2000 et a sorti auparavant une démo en 2003 et deux EP en 2004 et 2005. Le line-up est resté stable durant cette période, hormis un changement au poste de bassiste.
Stareblind propose un métal alternatif qui pioche à la fois dans le néo métal proche de Korn ou Deftones et dans le rock métal à la Soundgarden ou Pearl Jam. L’ensemble sonne donc très moderne, typique du son nord américain des années 2000 avec un chant qui alterne growls et voix claires et une musique contenant quelques influences métalcore, notamment au niveau des guitares.
Le contenu, assez logiquement peu original, s’avère cependant de bonne facture. Stareblind a l’intelligence de varier les plaisirs et se montre souvent très mélodique voire même très accrocheur sur plusieurs titres. Parmi eux, citons tout d’abord « Shelter », l’un des titres les plus foncièrement métal avec un chant particulièrement incisif et des passages guitares typiquement néo métal et un groove assez caractéristique et surtout « Shapes » qui met en exergue l’énorme potentiel commercial dégagé par le quatuor québécois. Ce titre, violent juste ce qu’il faut pour ne pas rebuter les amateurs de mélodie, contient des passages soft très réussis et assez mélancoliques tout en proposant des parties vocales de très grande qualité avec un petit côté rock grunge sympathique.
Cette efficacité se confirme par la suite avec un autre tube en puissance, « Something Left Unexplained », parfait mélange entre rock et métal avec cette fois en plus un refrain particulièrement soigné et très facile à assimiler. On pourra encore citer « Embrace » dont la lente montée en puissance éclate sur un break particulièrement heavy ou « On with the Cowards », très mélodique, peut être un peu trop facile d’écoute mais qui sur la longueur gagne en intérêt avec notamment une belle partie instrumentale très atmosphérique sur la fin donnant au titre une profondeur que l’on n’aurait pas soupçonnée au départ.
Parfois, la mouvance plus néo métal du groupe revient en force avec notamment « Fetters », caractérisé par une basse groovy très en avant et une alternance des couplets lents très sombres et du refrain bien heavy et hurlé évoquant « Korn » ou « P.O.D » ou encore « The Guilt » mélangeant agressivité et accalmies typiques du métalcore de ces dernières années.
Stareblind signe donc un premier disque très convaincant et accrocheur qui a tout pour plaire à une large publique, ancienne et nouvelle génération confondue. Le groupe dégage clairement un énorme potentiel et se pose en très bon outsider pour les années à venir. Il devra juste faire attention à ne pas trop se laisser attirer par des recettes trop faciles et surtout ne pas tomber dans ce que l’on appelle péjorativement « le commercial » comme tant d’autres ont pu le faire avant lui.