Les groupes turcs ne sont pas légion dans le rock progressif et tomber sur une telle rareté ne pouvait que titiller la curiosité du 'progophile' que je suis. Si on ajoute le fait que cet album est une réédition remasterisée d'un original paru en 1998 et qu'un label américain a jugé bon de la produire, il devenait incontournable que votre site préféré se penche par mon entremise sur ce "voyage intérieur".
Le titre d'ouverture, et néanmoins éponyme de l'album, plonge l'auditeur dans une ambiance porcupino-floydienne que l'on imagine sortie du mélange improbable d'Ummagumma avec les divagations plus modernes d'un Steve Wilson sous LSD !! Sans beaucoup chercher, on entendrait même quelques phrases musicales typiques du Tangerine Dream de la fin des 70's. La guitare qui ronfle dans le registre métallique dans la première partie de la compo, s'envole dans un solo hurleur, soutenue par les délires de claviers psychédéliques pour conclure les 10 minutes de cette introduction qui ouvre l'appétit auditif.
Dans un registre plus calme, on se laissera bercer par la ballade acoustique "Desert", ou la plus électrique "Distant cry" (moins prenante à mon goût) ou encore la pièce finale "Black" à laquelle on pourrait reprocher quelques sons 'disco' ou 'new wave'. Je pourrais ajouter à cette liste la plupart des titres de cet album qui se révèle être beaucoup moins agressif qu'on aurait pu le craindre (ou l'espérer) à l'écoute des deux premières plages. Je retiendrai, au rang des curiosités, l'intéressant et bien nommé "Baroque" qui commence comme une pièce classique où se mêleraient clavecin et sitar et finit de manière triomphale avec une mélodie accrocheuse qui ne vous quittera pas de sitôt.
Il est bien difficile de résumer cet album à quelques influences. Au fur et à mesure des écoutes, on découvre çà et là des échos qui rappellent le rock psychédélique des 60's, mais aussi beaucoup d'emprunts à toutes les époques de la musique et à toutes les origines. Il y a évidemment des variations orientales par moment, mais aussi des passages 'cameliens' voir carrément 'canterburien'. Les 11'50 de "Nervous breakdown" sont une parfaite illustration de la richesse la musique de Siddhartha. Et si tout n'est pas de niveau égal, il faut bien se dire que ce n'est en fin de compte qu'un premier album !
Ce Trip To Innerself se révèle une découverte attachante et Trail Records a eu une bonne idée d'exhumer cet album afin de lui donner la chance d'être entendu à plus grande échelle. On regrettera maintenant que Siddhartha ne donne pas de suite à ce premier opus, car il semble que la formation soit dissoute dans une nébuleuse musicale locale...