Vous trouverez toujours des français anti-cocardiers (« moi j’étais pour l’Irlande de toute façon ») qui feront une grimace de dédain à votre adresse lorsque vous leur parlerez d’Heavenly, ce groupe français qui fait dans le Power Métal Symphonique et qui vient de sortir son 5ème opus au sage nom de « Carpe Diem ». Pour ma part je leur assènerais qu’ils n’ont qu’à se réécouter en boucle le disque de Lord of Dance et commander à Noël une harpe celtique. Le (Hard) Rock français est loin d’être ridicule, les connaisseurs n’en doutent pas et ce n’est pas l’écoute de cette galette qui va nous conduire à baisser pavillon.
Vous aurez toujours dans votre entourage des moralisateurs compulsifs (« t’aurais dû avouer que t’as fait main Henry ! ») qui se diront choqués par les deux nymphes sexy de la pochette, des hautains maladifs qui trouveront d’un primaire confondant l’opposition ombre/lumière qu’elle exprime et des puritains qui vilipenderont les atouts pulpeux féminins mis en exergue. Bon d’accord les cris de jouissance en ouverture pèsent leur poids de mammouth obèse mais tant qu’à avoir un clou et un marteau, autant l’enfoncer non ? Pour ma part je leur répliquerais à ces gens-là, que le tableau sulfureux proposé vaut mieux qu’un cercueil avec des gribouillis autour (n’est ce pas Monsieur Hetfield ?).
Vous croiserez toujours des puristes (« franchement on aurait dû rejouer le match ! ») qui crieront au plagiat de Queen sur certains morceaux de cet opus. Pour ma part, je leur rétorquerais que si effectivement « Farewell » est le titre de l’histoire de la musique qui me fait le plus penser, dans l’esprit, à « Bohemian Rhapsody » au point que sur les dernières notes on se prend à fredonner tout bas « …anyway the wind blows » (essayez, c’est saisissant !), je leur ferais remarquer que mis à part Muse (sur leur dernier excellent album) personne ne s’était frotté à la Reine de manière aussi convaincante (écoutez l’énorme et mélodieux « A Better Me »). Je rajouterais pour conclure que pour oser ça il faut, un, en avoir dans le collant (Freddy on t’aime !), deux, être doté d’un minimum de technique.
Par ailleurs il est à noter qu’on ne fait pas que croiser Queen tout au long de « Carpe Diem » car Heavenly fait certes dans le symphonique mais aussi dans le Power Métal. Certes, ça double-pédale un peu trop de-ci, de-là, notamment sur l’évitable « Ode To Joy » (…oui oui « l’ode à la joie » de ce chevelu de LVB). Ainsi, on pense aussi parfois à Edguy, à Freedom Call, à Rhapsody (Of Fire) aussi – mais en forme (!) – à Stratovarius et à Jim Steinman.
N’oublions pas de féliciter l’excellent travail de composition mélodique ! Ca fuse de toutes parts sur tous les morceaux, c’est bourré d’hymnes galvanisants, un vrai régal, et la production est d'une clareté et d'une puissante ébouriffante. Une révérence particulière, pour compléter le tableau, au vocaliste Benjamin Sotto qui parvient à trouver des notes aigues assez improbables sans énerver son monde et à Olivier Lapauze qui a dû avoir une guitare en peluche dans son berceau à sa naissance tant il affiche une vélocité étonnante couplée d’une mélodicité foisonnante.
Amoureux du « j’aime à me faire une idée par moi-même », continuez à ne pas écouter les ritournelles faciles des sirènes de la chronique et saisissez l’occasion de parcourir ce sacré bon disque de notre beau patrimoine culturel français (oui, je sais ça chante dans la langue de Shakespeare et alors !). Donnez une chance à ces cinq garçons pas encore dans le vent qui mériteraient bien qu’un coup de ce bon vieux mistral (oups, c’est vrai qu’ils sont parisiens !...pardonnez-moi les gars, c’est atavique chez moi…) les propulse sur le devant de la scène, ce ne serait que justice.