The Hot Seat est le dernier album studio d’Emerson, Lake & Palmer... Le trio magique des années 1970 - 73 tire ici sa révérence. Après avoir donné aux synthés délirants leurs lettres de noblesse, après avoir vogué sur la déferlante de l’imagination, après avoir sombré dans la démesure mégalo avec plus (le live Welcome Back ...) ou moins (Works I) de réussite, après s’être séparés, puis réunis deux ans auparavant (Black Moon, pas mal mais pas flamboyant), quelle direction va choisir le groupe ?
Première constatation, In the Hot Seat se découpe en deux parties distinctes, 10 titres originaux puis un réarrangement des célèbres Pictures at an Exhibition. Les compositions originales sont toutes d’une durée assez courte, 5 minutes ou moins, ce qui pourrait faire craindre un certain formatage. Appréhension partiellement justifiée sur quelques titres qui se réfugient dans une pop fort timide, quoique bien réalisée, tels les mièvres Give me a Reason to Stay, Heart on Ice (esprit d’Elton John, sors de ce titre !), Daddy ou même le plus dynamique Gone Too Soon, dans un style à la Toto qui déroutera les aficionados voire les refrains très basiques de One By One ou Change. Hérésie, diront les puristes ! Le formatage étant à l’opposé de l’esprit premier d’ELP, cette mise au pas désoriente à tout le moins.
Mais alors, trouvera-t-on de l’originalité dans ce Hot Seat ? Oui mais de façon limitée... Les claviers sont certes plus modernes, des sonorités plus électro (Street War) se font entendre, et la batterie sonne plus synthétique. Un son donc plus actuel, mais également plus froid. Cependant un grand soin a été apporté à la production, avec de vraies réussites notamment sur le travail de percussion, comme sur Thin Line et surtout sur l’excellent Man in the Long Black Coat, une reprise de Bob Dylan très bien placée instrumentalement et vocalement.
La réinterprétation des Tableaux d’une Exposition est, quant à elle, beaucoup plus anecdotique. Si les instruments ont été actualisés, l’ambiance est assez glaciale et Greg Lake montre de sérieuses limitations vocales dans les aigüs et le souffle. Si certains détails d’arrangement se rapprochent habilement de la version de Moussorgsy/Ravel, nous sommes bien loin de retrouver l’ambiance chaleureuse du concert réussi de 1972.
Cette ultime cuvée montre clairement les limites d’un groupe qui court littéralement après le succès de ses débuts. Le travail présenté ici est certes honnête, mais à des lieues de l’inspiration foisonnante des 70’s. A trop vouloir se couler dans un moule actuel beaucoup trop formaté pour lui, le groupe a perdu son âme et s’est égaré dans un anonymat que le fan de la première heure ne pourra que qualifier de coupable.