ELP : Emerson, Lake and Powell ! Comment ça, Powell ? Où est passé Carl Palmer, le très musical batteur du trio mythique qui a porté très haut le flambeau d’un prog flamboyant dominé par les claviers ? En 1981, Palmer a rejoint les rangs du groupe Asia et décide de lâcher (provisoirement) le trio. Arrivée donc de Cozy Powell, batteur plutôt typé hard, qui a déja joué avec Jeff Beck ou Murray Head, et fondé les groupes Bedlam et Rainbow : un joli pedigree, déjà, qu’il enrichira par la suite en croisant la route de Black Sabbath, White Snake, Gary Moore ou Brian May.
L’arrivée d’un nouveau batteur va-t-elle changer le style du groupe ? Non, dans la mesure où Carl Palmer participait assez peu aux compositions du groupe. De même dans cet album, Powell ne co-écrit que le titre The Score, se contentant par ailleurs d’assurer sa partition musicale - de fort belle façon, d’ailleurs... Car pour ceux qui ne le savent pas, il est difficile d’entendre le changement de batteur, tant le style est proche (mais plus puissant) de celui de Palmer sur une musique qui n’a guère changé de manière. Ainsi les synthés sont toujours bien mis en avant (il n’y a guère qu’Emerson pour oser une telle domination du Moog comme sur Touch and Go ! ), la veine mélodique est peut-être plus présente qu’auparavant (The Score, excellent) et vous retrouverez toujours ce côté un peu grandiloquent qui ressort surtout dans les adaptations de morceaux classiques tel Mars, The Bringer of War, une de leurs meilleures réussites dans ce domaine, à la fois fidèle et déjantée sur la fin.
Petit changement de style pourtant dans les claviers, où des sonorités plus moelleuses ou plus électro font leur apparition, et la production, plus soignée qu’auparavant, met bien en évidence la qualité des instrumentistes. Les afficionados retrouveront quelques ballades signées Greg Lake, toujours à l’aise dans ce registre un peu sucré (Lay Down Your Guns). Il y a même un excellent petit morceau jazzy très bien servi vocalement (Step Aside, nonchalent à souhait et très prenant.
Si cet album oublié des productions d’ELP ne possède pas l’originalité des quatre premieres productions du groupe, il mérite tout de même une oreille attentive. Il y manque juste le vent de folie qui soufflait sur Tarkus, Trilogy ou Karn Evil 9. Les fans du groupe auront toujours du mal à faire rimer ELP avec sagesse...