Après l’aventure "Works" et la tournée qui a suivi, le trio Emerson, Lake and Palmer se distend et, en s’éloignant du succès, s’éloigne par la même occasion de la scène qui faisait sa cohésion. Cependant Keith Emerson n’a pas renoncé à son obsession de jouer en trio, présente depuis la formation de The Nice. Première expérience avec Cozy Powell en remplacement de Carl Palmer, en 1986, puis l’année suivante, en récupérant Carl Palmer à la batterie mais en remplaçant Greg Lake par Robert Berry, un chanteur - guitariste - bassiste à la voix également chaude, mais loin de l’aura du co-fondateur des King Crimson... Ainsi est né le groupe Three, qui ne sortira qu’un album, le To the Power of Three qui nous intéresse ici.
A la lecture du livret, on s’aperçoit que Robert Berry s’est pas mal investi dans l’écriture et la composition, puisqu’il cosigne ou signe seul 4 des 8 titres. Cependant, son inspiration est loin des canons progressifs : le style se cantonne dans une pop assez dynamique mais très anonyme, où les percussions de Carl Palmer, si elles sont plus dynamiques qu’auparavant (l’effet Cozy Powell ?), sont très standardisées par rapport à ce qu’il savait nous proposer auparavant. Quant aux claviers de Keith Emerson, ils ne sont pas loin d’être aux abonnés absents : seul 'Desde la Vida' rappelle brièvement le style orgueilleux qui fit sa gloire passée.
Clairement, ce court album dénote dans la carrière des trios gravitant autour de Keith Emerson en adoptant un style AOR proche des préoccupations de Carl Palmer, alors engagé dans l'aventure Asia ; petit album bien produit mais sans grande envergure, il n’a que l’intérêt de la curiosité ...