Il y a toujours quelques groupes refuges, les groupes qui font du bien quoi qu'il arrive, qui représentent le bien, la morale, le bon coté de la force, la magie blanche et les peuples libres de la Terre du Milieu. Pain of Salvation était pour moi l'un d'entre eux, certes discret, blotti entre les pompes de Led Zep et Iron Maiden, mais il l'était. Mon coeur saigne de conjuguer cette phrase au passé mais voilà, il ne faut pas se leurrer : Pain of Salvation s'est planté.
Après les déboires de leur label, le groupe a du retarder la sorti de "Road Salt", attendu désormais pour 2010. Pour faire patienter les fans, Papa noël Gildenlöw a eu une idée: sortir un EP avec des chansons tirées de ce nouvel album, qui pourraient donner une idée de la direction prise par le groupe qu'il décrit lui même comme "70's on steroids". Personnellement, je ne vois pas ce que cette galette a de l'esprit seventies. Un son de guitare un peu crunchy par ci par là, une reprise du "Virgin Killer" des Scorpions, c'est plutôt maigre pour un estampillage qui, à n'en pas douter, stimule déjà les imaginations les plus fertiles. En réalité, nous avons plutôt ici un savant dosage entre "Scarsick", l'aridité de "One Hour By The Concrete Lake", et surtout ce coté atmosphérique (made in Patton ?) qui était ces derniers temps plus suggéré qu'autre chose.
Mais tout cela ne devrait être qu'ergotage à coté des morceaux, de l'essence du disque, les nouvelles compos. Et la chute est rude avec ces quatre titres (passons sur la reprise, 'Yellow Raven', au demeurant très sympathique). Le groupe semble se lancer dans quelque chose de nouveau avec la disparition des soli, remplacés par des arpèges - un peu trop tirés par les cheveux pour remplir efficacement la place laissée vacante - et des riffs lourds. Le chant de Daniel Gildenlöw se cherche constamment entre hurlements, chuchotements, et miaulements. Sauf que l'intérêt est loin d'être évident et l'auditeur se surprend à chercher désespérément une mélodie dans ce discours d'halluciné. C'est bien simple, à part 'Gone', la réussite indéniable de ce disque, aucun titre n'est réellement mémorisable, le fond étant atteint sur 'Mortar Grind', durant lequel il ne se passe absolument rien d'autre qu'un tricotage fatiguant et laborieux (notons quand même les hurlements de Gildenlöw, qui prouvent encore une fois sa grande forme vocale).
Malgré un constat très mitigé à l'écoute de cet EP, votre serviteur reste très positif quant à "Road Salt". En effet, le groupe semble néanmoins soudé (Leo Margarit s'est inséré dans le son POS avec une aisance déconcertante) et se dirige dans une direction bien précise. Ils semblent savoir ce qu'il font et on peut leur faire confiance. Et puis il y a 'Gone'. Si "Road Salt" devait être de ce tonneau, le succès serait total. Il ne reste plus qu'à jeter un voile pudique sur les trois autres morceaux très moyens, et croiser les doigts. Parce que c'est Pain of Salvation, et qu'on y croit.