Il y a des fois où le rock et Noël font vraiment bon ménage, surtout quand ce rock est décliné par Steve Lukather : Hard Rock, Pop Rock, Jazz Rock ou Blues. Ces genres, autant de terrains de jeu pour ce géant de la six cordes, se mélangent habillement dans ce « SantaMental ».
C’est en pleine tournée des 25 ans de Toto que sort discrètement ce superbe album solo. Superbe pour trois raisons : la première est qu’il n’y a aucun titre moyen ou à jeter ici. La seconde, c’est que certains d’entre eux sont construits sur quelques mélodies éternelles que l’on fredonne autour du sapin. La troisième, c’est que c’est un album de Steve Lukather, l’un des meilleurs guitaristes du circuit, qui sait allier technicité et feeling comme personne.
Pour ceux qui auraient lâché l’affaire au second argument, je tiens à ajouter que Luke ne conjugue pas Noël avec niaiserie. Il suffit pour vous en convaincre d’écouter les instrumentaux « Angels We have Heard On High » (le fameux Gloria) ou le « Silent Night » dédié au maître Jeff Beck. C’est à pleurer de joie ! Ce type fait vraiment vivre sa guitare et en tire des sons d’une pureté surprenante.
Maintenant, si la troisième raison vous semble addictive et peu objective, vous êtes pertinent. Et là je me rattrape en ajoutant que dans l’intitulé « Steve Lukather & Friends », il y a friends, et pas des moindres. Sur le furieusement fusion "Joy To The World", c’est Eddie Van Halen himself qui vient poser deux soli (le 2d et 4ème). Edgar Winter, compagnon du Odd Couple Tour de 2001, s’invite au sax sur le jazzy alambiqué « Greensleeves » (il n’y a que Luke et Jeff Babko pour triturer avec un plaisir presque sadique une mélodie aussi innocente) et partage le chant sur un « Winter Wonderland » tout en cuivres et swing. Larry Carlton taquine ses cordes sur un court instrumental tandis qu’un Sammy Davis Jr. tout en samples, chante avec Steve un « Jingle Bells » très rock n’roll. Ce titre, très contagieux, s’écoute en boucle, et le solo de guitare à l’ancienne de Luke fait mouche.
Mais quand Steve Lukather nous fait un cadeau de noël, il ne s’arrête pas là ! Sur un « Carol Of The Bells » très moderne et tout en power chords, c’est son fils qu’il invite à jouer avec Steve Vai. La rythmique n’a pas à pâlir devant ces pointures puisque on y trouve, dans le désordre, les compagnons de toujours, Gregg Bissonette et Simon Phillips, un John Pierce sublime à la basse et Lenny Castro.
Lukather et Babko s’essayent aussi à la compo genre « esprit de noël » et il faut dire que les deux titres proposés ne font pas tâche dans la carrière du guitariste. « Broken Heart For Christmas », très catchy, pourrait avoir été tiré des dernières productions de Toto (Stan Lynch y est pour quelque chose) et « Look Out For Angels », partagé avec Mike Landau, possède une aura très positive.
Bref, que du bon dans cet album enregistré à l’ancienne, au son nickel et sans le moindre recourt au Pro Tools comme le maître aime à le souligner. L’album, très familial, et majoritairement instrumental dégage une vraie chaleur et on ressent le plaisir de jouer. Pour autant, il n’est nullement fait ici étalage d’une quelconque masturbation d’instruments ou de prise de tête musicale.
Le vrai talent ne s’étale pas, il éblouit (tiens c’est beau ça !). « SantaMental » n’est pas une parenthèse dans la discographie de Steve Lukather, il se trouve même être indispensable pour peu qu’on aime le Monsieur… Ou que l’on soit touché par la période de noël. Vous pouvez vous jeter dessus les yeux fermés, ou passer commande auprès de l’homme en rouge !