Ce quintet de métal mélodique finlandais est formé autour du chanteur Pekka Heino, aussi membre de Brother Firetribe, les maîtres es AOR finlandais. Avec Leverage, il semble décidé à enfoncer un autre clou, celui du métal mélodique. Formé en 2005, Leverage sort un premier album « Tides » en 2006, un EP en 2007, un deuxième opus « Blind Fire » en 2008, et déjà, en cette fin d’année 2009, un troisième effort, intitulé « Circus Colossus ». On appréciera la régularité de la frappe.
Inspiré par Rainbow et Dio, naviguant dans la mouvance de Masterplan avec un style parfois proche du hard mélodique des années 80 (White Wolf, Magnum, Angel Dust, ...), « Blind Fire » m’avait laissé un goût agréable dans les oreilles, avec notamment deux petites tueries, « Sentenced » et « Hellhorn ».
C’est la voix de Pekka qui donne le ton à la musique du groupe. Une voix puissante, chaleureuse, mais qui n’a pourtant pas la personnalité d’un Bob Catley ou d’un Jorn Lande pour nous faire avaler n’importe quelle daube. Il lui faut donc, pour séduire vraiment, de la substance, des compositions fortes et des mélodies imparables. Et c’est un peu là que le bât de cet album blesse. Mon collègue Lynott avait présenté sa chronique de « Blind Fire » sous forme de recette. Aussi bonne soit elle, l’impression qu’on nous repasse le même plat, à peine réchauffé, sans recherche de nouveaux ingrédients, est prégnante.
Alors tout dépend de votre appétit. Si vous pouvez vous enfiler steak sur steak, et avez faim de métal mélodique, c’est sûr que vous allez vous régaler de cette préparation. Vous trouverez très agréable le jeu des claviers (« Rider Of Storm ») et vous délecterez des arrangements symphoniques (« Movie Gods »), surtout quand ils sont couplés à un gros son de guitare (« Worldbeater »). Vorace, vous vous pourlécherez les babines des quelques soli de guitare bien incisifs (« Legions Of Invisible ») et saluerez la diversité de tempo des ingrédients. Vous irez même en cuisine saluer le chef, en le félicitant de l’évolution de sa technique, de la précision des dosages, proches de la perfection.
Par contre si vous avez à peine digéré la précédente production de métal mélodique, vous passerez sans doute à côté des nuances proposées et risquez même de frôler l’indigestion. Il manque en effet à cet album une qualité d’ingrédients supérieure qui pourrait faire la différence avec les autres crèmeries. Il manque aussi à leur préparation, une note originale qui retiendrait votre attention. Il manque enfin, cette petite saveur épicée inconnue qui vous accrocherait définitivement. Eh oui, les mélodies sont trop conventionnelles, et s’impriment difficilement ; et les compositions, même si elles sont variées, semblent calibrées pour l’auditeur passif.
Reste que si le plat est trop peu original, l’équipe en cuisine est bonne et la production sans faille, même meilleure que sur l’album précédent. Il faut juste lui demander un peu plus d’inventivité, d’audace, et soyons exigeants, d’émotion. On en est parfois pas si loin, avec des titres comme « Broken Wings » ou « Legions Of Invisible ». Prenons donc ce troisième album comme celui de la confirmation de la qualité du combo, mais le quatrième sera décisif !