Dans un souci de classification afin de mieux aguiller son lecteur assidu et adoré, il est commun de lire dans une chronique que tel groupe s’apparente et sonne comme tel autre… Ne voyez aucun procès d’intention dans cette introduction, non loin de moi cette idée, d’autant que la majorité signée Struck use de ce procédé jugé réducteur par les groupes faisant l’objet des écrits et apprécié par le lecteur ainsi éclairé…
Concernant Om Mani, la démarche sera toute inverse à savoir que « Apology » pourrait être considéré comme le prochain stade évolutif de la mutation musicale d’Hacride. Ceux qui doutent de cette introduction n’auront qu’à jeter une oreille sur les premières notes d’« Apology », ne serait-ce qu’un instant et se rangeront rapidement à cet avis. En effet, Om Mani a su développé sur cet album un son, une approche qui lui est propre et qui s’éloigne des standards développés jusqu’ici. Et c’est là que l’exercice de chronique devient ardu !
Ouvrant sur « Trapped Outside » à la violence exacerbée déclinée sur des riffs polyrythmiques assassins avec en filigrane des sonorités orientales - Il n’en faut pas plus pour que l’ombre Meshuggah plane aussitôt sur cette galette -, « The Call » poursuit dans cette démarche toujours aussi destructrice tout en se démarquant de ce parallèle restrictif à la faveur notamment de refrains entêtants qui tranchent littéralement avec les complaintes de Samuel Bourreau invité - pour la circonstance - à pousser quelques hurlements dont il a secret.
« Eternal Sleep » et « The Child and the Beast » enterrent définitivement l’éventuelle comparaison avec Meshuggah dans un registre certes toujours basé sur des riffs saccadées mais sur lesquelles viennent se greffer des vocaux clairs entêtants tantôt mélodiques tantôt mélancoliques à la façon d’un Dark Suns sans compter des breaks que n’auraient pas renié Klone : tout simplement imparable !
Imparable comme le diptyque ouvrant sur « No Prayer… » décliné sous la thématique maintes fois entendue d’une pluie introductive annonciatrice d’un orage violent duquel jaillissent la lumière des éclairs… Thème qui se conclut sur un riff martial hypnotique post-core pouvant évoquer Hacride et sur lequel le speech d’une voix féminine vient se poser : un titre très cinématographie dans son approche pour un résultat immédiat ! Dans ces conditions, le deuxième acte « …Only Feelings » érigé sur les fondations rythmiques de son prédécesseur n’aura aucun mal à achever un auditeur conquis entre harmoniques monumentales et explosions hypnotiques !
Et alors qu’on croyait avoir tout entendu, voici qu’arrive la pièce maîtresse de ce brûlot à savoir « Ajna » dans la lignée des meilleurs titres post-core atmosphériques déclinés sur le mode Klonosphère. Un titre jouant sur l’ambivalence claire/obscure dont jaillit toutes sortes d’émotions, de la mélancolie à la rage, avec pour paroxysme, le fabuleux break qui vous hérissera le poil à chaque note lancinante de violoncelle qui se pose délicatement sur les riffs saccadés : un véritable bijou musical trop court !
Impitoyablement les trois derniers titres poursuivent le travail de sape entamé entre rythmiques syncopées dévastatrices et breaks atmosphériques hypnotiques aux accents orientaux (« Bad Seed ») avec comme clôture le dantesque « Apology », perpétuant les thèmes développés par ailleurs lui donnant une certaine allure progressive.
Coup d’essai, coup de maître ! Avec « Apology », Om Mani intègre d’emblée la cours des grands et même s’ils n’ont pas encore la renommée des combos issus du collectif Klonosphère, la formation originaire de Lille figure belle et bien à leur côté en tant que valeur sûre de la scène metal française ! Cinquante cinq minutes de bonheur métallique à écouter d’urgence ! Aucune excuse ne sera tolérée pour justifier l’ignorance de cet incontournable album sachant qu’il est proposé en téléchargement légal sur le site du groupe !