Compte tenu de la qualité des productions de Lynx Music ces dernières années (Millenium, Moonrise entre autres), tout album d’un groupe de cette écurie est attendu au tournant. C’est Sinus qui se présente cette fois-ci avec « To Arise From Unknow », un premier disque – il faut le préciser - excellemment produit.
Pour démarrer, autant le dire tout de suite, zappez Erased calibré pour les passages radio... 3’43 d’un condensé décevant à oublier rapidement car il ne colle pas avec les 5 autres morceaux beaucoup plus puissants dans leurs constructions. A l’opposé des 2 groupes précités en début d'article, Sinus ne donne pas dans le néo classieux, blindé de synthés et de guitares planantes mais plutôt dans un rock progressif bien ancré dans les année 90 comme peuvent l'être Arena voire Treshold ou, plus récents encore, Stream Of Passion et Neo-Prophet. L’affirmation précédente se vérifie dès le morceau d’ouverture, Two hearted, avec l’utilisation massive des guitares couplées à des claviers très présents n’ayant d’égaux que la teneur lourde des riffs des 6 cordes.
Par moment, False Guardian me fait penser à un vieux groupe batave auteur d’un album éponyme chez SI Music en 1995 : Light. J’y retrouve ce sens des mélodies hyper bien placées au moment opportun dans des morceaux à longueur suffisante permettant certains excès maitrisés. La voix de Olej est l’attraction évidente de cet opus. Celle-ci oscillant entre James Hetfield (Metallica) et Mauris Kalsbeek (Edgon Heath) est mise en valeur à chaque instant, une découverte permanente.
The Aged Word intègre dans la majeure partie de son développement un piano servant d’assise et de liant entre soli de synthés et de guitares sur une rythmique au bord de l’explosion. Olej force la voix et, à la limite du guttural, nous offre un dialogue stéréophonique superbement réussi, encadrant un break savoureux nappé de synthés. Notre Lord des claviers, Sir Clive Nolan, serait aux commandes qu’on ne serait même pas surpris de l’apprendre. Je ne peux passer sous silence la nécessaire Loneliness, ballade soutenue par une guitare criant sa joie de faire partie du voyage. Le lyrisme d’Egdon Heath n’est ici pas bien loin avec un son des claviers et un chant très caractéristiques.
Pour conclure, la cerise sur le gâteau, le must du must, le bijou de la galette, Dream, est un résumé (!) en 17 minutes des 4 premiers titres. Une intensité continue et provocatrice se pose dès l’intro et ne lâchera prise qu’une fois la pelote totalement déroulée vous laissant, exténué, sur le bord du canapé où, gentiment étendu, vous pensiez passer un moment de repos salvateur. L’esprit tourmenté et usé par l’attention permanente, vous vous dirigerez alors directement vers le bouton « Play » de la platine CD pour reprendre votre dose de Sinus.
Lynx vient de nous offrir sur un plateau d’argent une bombe à retardement à mèche courte… Très courte. En effet, il faudra courir extrêmement vite pour échapper au déferlement cataclysmique qui vient de nous tomber dessus car Sinus a frappé fort avec ce premier album. Le plus dur sera de réussir à transformer cet essai lors du deuxième opus. Du pur bonheur en barre, une grande découverte, un groupe prometteur, un label vraiment digne de qualité...