Gungfly est le nouveau projet solo de Rikard Sjöblom, guitariste, claviériste et chanteur au sein du groupe suédois Beardfish. En bon multi-instrumentiste, il joue quasiment toutes les parties instrumentales de ce Please Be Quiet, à part quelques parties de batterie ou de basse, l’accordéon et les cuivres.
Les artistes qui s’évadent de leur formation d’origine ont tendance à s’éloigner un peu de leur style, histoire sans doute de varier les plaisirs. Si Beardfish officie dans un prog seventies old school, Sjöblom se tourne ici vers un style beacoup plus simple, teinté de folk ou de country à l’exception notable de Rumbling Boxes qui est un vrai morceau progressif, avec toutes les variations souhaitables, et des emprunts à Kansas ou inévitablement aux Flower Kings.
Le credo de l’album est en tous cas d’utiliser des instrumentations “simples” : guitare sèche, piano, basse “à l’ancienne”, kit de batterie simplifié, hammond, etc. Que l’on ne s’y trompe pas, cette apparente simplicité cache un soin extrême apporté à la réalisation. Grâce à une production globalement très équilibrée mettant tous les pupitres finement en valeur, il apparaît évident que chaque détail a été mûrement pesé pour mettre en avant le plaisir de livrer sa musique à l’auditeur. Auditeur qui se retrouvera en plein dans les ambiances du début des 70’s... Tthèmes décontractés et chœurs optimistes, phrasés simples et instrumentation directe nous emmènent dans une époque où la légèreté semblait plus de mise qu’aujourd’hui.
Tantôt rock (Before the Winter, entre America et Dire Straits, Make it Better), tantôt bluesy (Whiskers, Crimson Coloured Negative, souvent country-like (Go on Alone), chaque titre apparait bourré de petites astuces d’arrangement qui rendent l’ensemble assez attachant. La multiplicité des clins d’œil fait penser aux américains de Mr Bungle, égament adeptes du deuxième degré, qui jouent eux aussi sur une apparente simplicité.
Visiblement, Rikard Sjöblom s’est fait plaisir avec cet album. La seule chose qui le pénalise est le parti-pris de rester dans des compositions simples (sauf l’excellent Rumbling Boxesdéja cité - qui a dit que le prog était uniquement affaire d'instrumentation sophistiquée ?), et l’intérêt s’émousse quelque peu au long de l’écoute de l’album. Je critiquerai légèrement le choix d’une production moins propre sur Make it Better, Crimson Coloured Negative et Are you Aware that I’m Awake ?, qui enlève un peu de cette belle clarté sonore participant au plaisir d’écoute des autres titres. L’entreprise de Gunglfly apparaît néanmoins très sympathique et réjouissante...