Au regard du nombre de reformations et d’album live sortis par Trust, la sortie de ce « Trust A l’Olympia » s’est plus fait dans un climat de curiosité, que de folle impatience. En effet après l’excellent «Paris By Night » (Bercy 1988), le nostalgique « Live - Répression Dans l’Hexagone » (Nice, Nantes et Lyon 1980), « Antisocial » (1992), le maigrelet « A Live » (1997) et son grand frère « Still A Live » (2000, mais qui retrace la tournée 1997), « Soulagez Vous Dans Les Urnes » (2006), Trust nous fait le coup de l’album anniversaire et sort ce très compact nouveau disque live. Compact, parce que pas moins de 23 titres sont ici présentés, et parce que 11 d’entre eux dépassent les 6 minutes. Compact également, parce que le disque sort en de multiples format ; DVD, double CD, et 2 DVD + double CD. Mais la question reste la même, quel peut être l’intérêt d’un nouvel album live de Trust en 2009 ?
Un début de réponse aurait pu être donné par la qualité très correcte de leur dernier album, « 13 A Table » et par l’orientation musicale novatrice de celui-ci. Et là, surprise, aucun titre de ce dernier opus n’est présent sur ce live. Le choix des morceaux est en effet des plus surprenants (mais pas si illogique si l’on se réfère au coté « anniversaire exceptionnel » du concert couvert). En effet, à l’exception de 4 titres de « Europe & Haine » (1994) et d’un morceau tirés de l’album live « Soulagez Vous Dans Les Urnes » (2006), tous les chansons ici présentes dates d’avant 1984. Et ce avec une surreprésentation de l’album « Répression » dont 8 titres sont ici repris (ne manquent à l’appel que « Passe » et « Les Sectes »). C’est donc dans la qualité du son et de l’interprétation que la réponse est à chercher.
Pour ce qui est du son, pas de problème. Celui-ci est clair, puissant et le mixage, sans reproche, met bien en valeur les différents intervenants (la batterie est tout particulièrement bien restituée). L’interprétation est globalement aussi une réussite même si l’on pourra pinailler indéfiniment sur telle ou telle partie qui sonne moins « vraie » que l’original ou bien sur les interventions de Bruno Le Goff, le DJ et membre officiel du groupe tant il est vrai que parfois le changement est… décoiffant.
Mais il y a lieu de constater que le groupe a toujours la patate, que Bernie est très en voix à l’image de sa prestation sur « Darquier », que la section rythmique est présente comme jamais (sauf peut être à l’époque du brillant David Jacob), que les parties de guitares sont très incisives et efficaces (presque autant que sur « Still A Live ») et que le groupe semble dans son ensemble très content d’être là et d’en découdre.
On peut citer les excellentes versions de « Palace » magnifié par les interventions du DJ et par un pont du plus bel effet, ou bien de « Surveille Ton Look » qui est présentée ici dans une version qui surclasse sans aucun doute l’original. La voix de Bernie et les scratchs transcendent littéralement ce morceau. Détail amusant, l’intro (assez maladroite) de ce morceau par le DJ Le Goff est copieusement sifflée par le public, ce qui oblige Bernie à intervenir pour tancer les mécontents et appeler à un peu de « Respect » : « il est là-haut, il sue comme moi […] alors un peu de respect, s’il vous plait ».
L’album n’est toutefois pas exempt de défauts, à l’image de cette version acoustique de « Tous Ces Visages » qui tombe comme un cheveu sur la soupe et qui ne semble devoir sa présence qu’à une recherche volontariste de changement, et non à la recherche d’un équilibre au sein de la set list. On peut également citer « Fais Où l'On te Dit de Faire » pour lequel les différents scratch incorporés sont totalement dispensables.
Mais malgré ces petits ratés, ce « A l’Olympia » est au final un très bon / beau produit qui, malgré son coté un peu « déjà-entendu », est bien plaisant à écouter. Reste que le projet est un peu bancal avec un fort sentiment que le groupe hésite entre avancer dans la nouvelle direction artistique qu’il a choisit et / ou capitaliser sur son héritage, et (soyons honnête) sur ce que la majorité des fans attendent d’eux. Autant « 13 A Table », qui dans un premier temps m’avait laissé frustré de ne pas retrouver le Trust des années 80, m’avait surtout laissé admiratif devant le courage et le dynamisme du groupe, autant ce live me laisse un léger goût amère dans la bouche. Le plus dur était fait, la pilule était passée (promis on ne vous aurait désormais demandé un nouvel « Antisocial » que dans 1 chronique sur 2), alors pourquoi remuer les souvenirs ?
Il est à noter que la version CD / DVD, que je n’ai pas eu le loisir de visionner, propose en outre un concert filmé à Cologne en 1982, époque où le groupe officiait avec Nicko Mc Brain (batterie). 17 titres sont proposés, dont 11 en version anglaise.