Longue est la route, dur est le chemin. C’est un peu ce que l’on peut se dire à l’écoute de ce second album des RED HOT CHILI PEPPERS. En effet, si l’étude de leur discographie sur la période allant de 1987 (The Uplift Mofo Party Plan) à nos jours nous amène à contempler une succession de succès commerciaux et artistiques quasi ininterrompue, il en est tout autrement de ce « Freaky Styley ».
Nous sommes en 1985, et les Chilis, après un premier album qui a adopté à juste titre le seyant manteau de l’anonymat se retrouve sans guitariste (Jack Sherman ayant jeté l’éponge). Hillel Slovack, qui avait participé à la fondation du groupe avant de se rétracter, réintègre alors les rangs en tant que guitariste, et le groupe entre en studio sous la houlette du chanteur du groupe Funk des PARLIAMENT FUNKADELIC, Georges Clinton.
L’écriture de l’album en est alors dans sa phase finale et Slovack ne participe qu’à la composition de deux titres « Nevermind » et « Sex Rap ». Tous les autres, à l’exception de deux reprises présentes sur ce disque, ont été composées par Anthony Kiedis, Flea, Jack Sherman et le batteur Cliff Martinez qui quittera le groupe peu de temps plus tard.
Le groupe propose un melting-pot musical dans lequel le Funk et le Rap se disputent au Punk et au Rock électrique. Si au regard de la production actuelle des RED HOT CHILI PEPPERS, l’ensemble parait très bordélique et immature, on trouve cependant déjà beaucoup des éléments qui feront la gloire du groupe à commencer par la mise en avant de la basse de Flea ainsi que le chant mi rapé, mi chanté de Kiedis. Mais le plus surprenant est le son et le style des guitares. Bien avant l’arrivée de Frusciante et le passage de Navarro, on trouve déjà un style très particulier que ce soit en terme de sonorité, de couleur musicale ou d’utilisation des harmonies et des mélodies. Le psychédélisme est déjà d’actualité dans ce domaine.
Si tout est parfois un peu hésitant et si la maitrise instrumentale n’est pas toujours au rendez-vous, comme en témoignent « The Brothers Cup » et « Yertle The Turtle », l’énergie et la folie sont bien présents pour booster l’ensemble. Et malgré un son très faiblard, quelques morceaux sortent timidement du lot, à l’instar de « Catholic School Girls Rule » aux forts relents Punk, du sautillant « Lovin' And Touchin' », et de « Hollywood (Africa) », une reprise du groupe Funk THE METERS (album Rejuvenation - 1974). Ce morceau, qui servira de single au groupe, avait originalement pour titre « Africa ». Les RED HOT ont modifié légèrement les paroles en transformant « Africa » en « Hollywood » et « Mother Land » en « Brother Land ». Le titre « Jungle Man » semble également être une reprise issue de ce même disque de THE METERS. « If You Want Me To Stay » est quant à lui une reprise de SLY & THE FAMILY STONE (album Fresh - 1973).
Desservi par un son approximatif et par un manque de cohésion cet album fait bien pâle figure à coté de ses successeurs. Et il est bien difficile, à son écoute, de deviner le talent qui sommeille chez ces californiens déjantés, tant le disque ressemble plus à une démo enregistrée rapidement par une bande de gamins facétieux.
Comme quoi…