Depuis l’annonce de cette fameuse tétralogie, chaque volet est attendu impatiemment par tout fan avide de nouveauté estampillée Devin Townsend. Et ce deuxième acte ne déroge pas à cette règle d’autant qu’il est devancé d’un premier volet intimiste et totalement novateur dans son appréhension globale d’une musique épurée qui laisse augurer du meilleur pour la suite. Décrit par le maître comme devant être la facette pop de son art, est-ce que pour autant « Addicted » porte bien son nom et saura rendre son auditeur totalement accroc ?
Qui dit pop, dit accessibilité et à ce titre, avec « Addicted » nous ne sommes pas trompé sur la marchandise. Nous sommes bel et bien confrontés à un album très mélodique et aux structures énergiques, simples et directes, made in Devin Townsend ! Dans ces conditions, dire qu’ « Addicted » revient aux fondamentaux musicaux du canadien est un euphémisme tant il apparait comme la suite logique d’un « Accelerated Evolution »…
C’est donc sans surprise que l’ouverture éponyme et son successeur « Universe in a Ball » entrent dans ce fameux moule sonore pour un résultat totalement enthousiasmant ! Malheureusement, la suite - bien que globalement entraînante - laissera clairement sur sa faim l’esthète en matière d’art Townsendien. Alternant entre titres superficiellement convenus et merveilleusement addictifs, « Addicted » nous balade au détour de l’étonnant « Bend it like Bender » groovy -limite disco- mais aux refrains un brin répétitifs d’Anneke Van Giersbergen ou d'un « Ih-Ah » particulièrement dispensable dont l’aspect « soupique » du refrain prend le pas sur le côté pop déclaré... Fort heureusement, de bons moments s’offrent à nous comme sur « The Way Home » qui se rapproche des standards du canadien et le final spatial entamé par « Numbered » (sur lequel la magie du duo Anneke/Devin opère avec bonheur) et se clôturant sur l’hypnotique ambiant « Awake »…
Clairement, si « Ki » nous avait réservé son lot de surprises, la source semble tarie sur ce deuxième volet de la tétralogie hormis la nouveauté de taille en la personne d’Anneke Van Giersbergen. Présente sur la quasi-totalité des titres, sa prestation atteint son paroxysme avec la très dispensable reprise de « Hyperdrive », très éloignée du pouvoir attractif de l’originale. Anneke qui s’époumone tout le long du titre en devient irritante à souhait… Dans ces conditions, on est en droit de se demander si la présence de l’ex-The Gathering n’a pas pour objectif inavoué de détourner l’auditeur d’un manque flagrant de créativité de la part d’un Devin Townsend qui a toujours choyé son public en l’habituant à la perfection sans jamais tomber dans la redite.
Au final, si une relative déception ressort des premières écoutes de ce « Addicted », ce neuvième opus sous l’étiquette Devin Townsend n’est pas mauvais pour autant, loin s’en faut ! « Addicted » ne souffre que d’un réel mal, celui d’être le neuvième opus d’une discographie particulièrement étoffée, sans la moindre erreur de parcours. En bref, si « Addicted » ne transpire pas l’originalité et ne générera pas l’enthousiasme général, il pourra constituer une assez bonne initiation à l’art du canadien.