Dead Heroes Club qui nous offre, avec A Time Of Shadow, son deuxième effort, est un jeune groupe irlandais formé de musiciens ayant pas mal bourlingué. Lassé de faire des shows avec des reprises de standards du rock classique ou progressif des 70's et 80's, le trio fondateur décide au début du millénaire de se lancer dans ses propres créations. N'ayant lu que de bons commentaires sur leur "self-titled debut album" (comme on dit outre Manche), mais ne l'ayant point ouï par moi-même, c'est avec une bienveillante curiosité que je me penchais sur le cas de ce second opus.
Commençons par le début ... Avant d'écouter un album, on le prend en main et le premier contact est visuel. Ici un artwork très 'fantasy' orne la couverture du livret, et lorsqu'on apprend que l'artiste (Ted Nasmith) est un spécialiste des illustrations inspirées par le monde de Tolkien, il ne reste plus qu'à découvrir si le groupe s'exprime dans le metal mélodique ou dans le rock néo-progressif, deux courants usant d'abondance de l'imagerie liée au 'Seigneur des Anneaux'.
Les premiers accords de "Theatre Of The Absurd" laissent perplexe l'auditeur qui s'apprêtait à recevoir les échos d'un des deux genres musicaux précités. En effet, ce premier titre sonne plus rock classique des 70's avec ses faux airs de Steppenwolf métissé d'Uriah Heep. Alchimie surprenante mais loin d'être désagréable que l'on retrouvera sur la troisième plage, "The Centre Cannot Hold". Cette première impression est vite remisée aux oubliettes car les compositions sont assez longues (de 9 à 15 minutes pour 4 d'entre elles) et montrent d'autres facettes de la musique des Irlandais. Ainsi, la partie centrale du premier titre est très néo-prog.
C'est ce style qui est majoritaire sur l'album, et l'intro de "Stranger In The Looking Glass" ne peut que renforcer cette impression tant Genesis est présent dans ses lignes mélodiques. A mesure que la musique s'écoule, les noms viennent à l'esprit, au fil des variations de tempo ou de sonorité : Marillion souvent, Arena parfois, ou encore Aragon pour la voix .... Dans ce même registre, l'ultime plage, "A Time Of Shadow", qui donne son nom à l'album, en est une des pièces maîtresses par sa durée (15'10) et par sa coloration purement néo-progressive de très haute tenue.
Il n'y a rien à jeter sur cet opus car le 'Club des héros morts' a su varier les plaisirs en pimentant un rock progressif néo et symphonique de quelques touches plus catchy, mais sans jamais tomber dans les vrombissements du mental. Il ne faudra donc pas y rechercher de tonitruantes guitares shredées ou de mitraillantes doubles pédales. DHC est à ranger sur votre étagère entre Iluvatar et Like Wendy.
Excellente découverte de fin d'année, A Time Of Shadow prouve que tout n'a pas été dit (chanté) en néo-prog et que quelques groupes peuvent encore émerger pour peu que le talent soit au rendez-vous. Dead Heroes Club est sans aucun doute un groupe dont il faudra suivre l'évolution.