En 1983, le groupe finlandais Scarab sort un petit album éponyme d'à peine plus de 36 minutes à seulement 180 exemplaires... Si l'histoire s'arrêtait là, tu pourrais, ami lecteur, t'inquiéter de l'utilité d'une telle chronique et de fait, douter de l'intégrité mentale du vieux Peter qu'un réveillon trop arrosé aurait mis définitivement hors circuit... En 1991, sur les cendres de Scarab, nait un nouveau groupe au nom révélateur : Ageness. Pourquoi dis-je révélateur ? Il suffit de prononcer à haute voix (et avec le bon accent) ce nom pour en entendre le cousinage avec un autre patronyme un peu plus connu : Genesis, et en déduire une certaine parenté musicale.
Scarab est donc une réédition parue en 2003 de l'album originel pré-agenessien agrémenté de 5 titres enregistrés en public, soit plus de 27 minutes de bonus. Même s'il y a une similitude de style dans la musique, on perçoit une différence sensible entre la partie studio (époque Scarab) et la partie live plus récente. La présence de violon ne peut qu'évoquer Kansas, qui est une influence avouée par Ageness, d'autant plus que par moment la voix de Tommy Eriksson a des accents proches de celle de Steve Walsh. Le chant est d'ailleurs un élément surprenant car son registre varie énormément d'un titre à l'autre, et assez souvent, c'est à Geddy Lee (Rush) que l'on pense.
Cela aurait été fort dommage que cet album ne soit pas réédité et que seule une poignée d'auditeurs (scandinaves en majorité) en ait la jouissance. Je connais quelques dizaines de productions néo-prog, toutes époques confondues, qui sont bien moins agréables que ce Scarab. En remettant l'album dans son contexte, il est clair qu'Ageness a commis un opus original et très inspiré puisqu'en 83 le néo-prog n'en était qu'à ses premiers balbutiements. Pour s'en persuader, il suffit de jeter une oreille sur le virevoltant "Haze and Visions" où le violon fait merveille ou bien sur la ballade "Praying Stone" sur laquelle plane fortement l'ombre de Genesis.
La partie live de l'album est peut-être un peu moins intéressante du fait d'un son plus approximatif. Le style y est résolument plus orienté vers Rush et les amateurs du groupe canadien pourraient être séduits pour peu qu'ils soient aussi sensibles aux sirènes d'un rock progressif un peu plus mielleux ("Blowdown"). La qualité des musiciens est un autre point fort du groupe qui ressort nettement à l'écoute de l'instrumental "Port of Hell", sur lequel le batteur semble particulièrement inspiré et la complémentarité de la guitare et des claviers est au top. Les 5 compositions présentées dans leur version public étant inédites par ailleurs, cela ajoute à l'intérêt global de l'album.
Pour ma première chronique de 2010, je ne suis pas si mal tombé que ça et je conseille à tous les amateurs de néo de se pencher sur ce Scarab et de s'intéresser à la carrière d'Ageness dont le dernier album est sorti récemment après une longue période de silence.