Quatre années se sont écoulées depuis la dernière livraison des Américains de Izz, My River Flows ayant été à l'époque encensé par mon collègue Aladdin… Enthousiasme que je ne partageais pas forcément, trouvant le propos de cette formation peu cohérent dans son ensemble. A la première écoute de The Darkened Room, il semblerait que le groupe ait sacrément mûri depuis, nous proposant à première vue un album très abouti.
Tout commence par un très moderne Swallow our Pride aux accents tantôt électro, tantôt marillionesque avec des effets de guitare tendance Rothery années 2000, mais aussi un pont central très technique, sorte de prélude à la suite de l'album. Et puisque nous parlons de technique, mettons immédiatement les points sur les i, en soulignant l'incroyable prestation de John Galgano à la basse, pas loin d'atteindre les sommets tutoyés par un certain Chris Squire, son instrument se révélant bien souvent être le moteur mélodique des compositions (Regret), quand il n'est pas le détonateur rythmique de l'ensemble, bien soutenu en cela par son compère Greg Dimiceli derrière les fûts.
Ce qui marque également dans cet album, c'est le foisonnement de styles rencontrés au fil des différentes compositions, rapprochant ainsi le groupe des Suédois de Beardfish, sans en atteindre toutefois la folie créatrice : électro donc, ballade intimiste avec Regret, progressif américain à connotation seventies (Can't Feel the Earth, part II, mais aussi du quasi-Rio avec Can't Feel the Earth, part I, plage qui donne plus d'une fois l'envie de passer à la suivante mais que l'on poursuit tout de même jusqu'à son terme avec intérêt ! On ne parlera bien sûr pas ici de 23 Minutes of Tragedy, dont les premières minutes rappelleront un célèbre groupe britannique, et son non moins fameux guitariste prénommé Steve, et qui fut à la genèse du mouvement progressif dans les 70's… Quelques courtes pièces plus légères viennent apporter une respiration entre les compositions les plus complexes, ces dernières étant pour l'essentiel représentées par l'épic en trois parties (Can't Feel the Earth).
Et puis, pour terminer la galette en beauté, une dernière perle vient poser ses soli de synthé oscillant entre Mark Kelly et Manfred Mann, donnant un éclat tout particulier à la troisième partie de Can't Feel the Earth.
Après plusieurs écoutes attentives des 51 minutes de The Darkened Room, force est de reconnaître que notre impression première était la bonne : Izz nous présente ici un sacré bon album de rock progressif, offrant à l'amateur éclairé (ou non) de ce style tout ce qu'il est en droit d'attendre d'un groupe ayant la prétention d'évoluer dans les hautes sphères du genre.