Décembre 2009, la France subit sa première vague de froid et de neige de l'hiver, et votre chroniqueur (préféré ?) de MusicWaves, de retour d'une semaine loin de son domicile, se retrouve comme nombre de ses congénères coincé dans un TGV, stoppé en plein tunnel par la faute d'une signalisation défectueuse. La tension s'installe au fil des annonces de retard croissant à l'arrivée, et l'énervement finit par gagner tout un chacun. Certains se concentrent sur leur ordinateur, d'autres se remettent pour la nième fois le même DVD au risque de connaître l'histoire par cœur, tandis que votre serviteur place une petite galette destinée à être chroniquée pour MusicWaves dans son "discman" (eh oui, j'exècre le MP3 …), sans bien savoir à quoi s'attendre.
Et là, il a suffit de quelques secondes pour que ce premier album de Leafblade se révèle être le remède idéal à cette situation plutôt pénible, procurant immédiatement un effet relaxant totalement bienvenu au vu de la situation. Bien entendu, je m'empressai dès le lendemain de réécouter cette pépite magique dans d'autres condition … Pour un même bonheur ! Mais reprenons plutôt les choses à leur commencement …
Leafblade est donc le projet plus ou moins solitaire de Daniel Cavanagh, membre de la fratrie à la tête d'Anathema, groupe engagé dans une démarche toujours plus atmosphérique, et qui trouve ici un aboutissement acoustique au service de compositions relaxantes, invitant à la rêverie et au voyage, et bercées d'influences celtiques et médiévales.
La première partie de Beyond Beyond présente des titres à la structure similaire : un thème accrocheur répété à l'envie (parfois presque trop d'ailleurs) qui sert de soutien à l'enchaînement de divers soli instrumentaux ou de nappes de voix éthérées, venant compléter un chant principal simple mais chaleureux. Dans la forme, on retrouve ainsi les influences d'un René Aubry, ou encore de Sinead O'Connor dans sa version acoustique.
Oh bien sûr, il n'est pas question ici de prodige technique de la part de nos musiciens, mais simplement du sens de la bonne note, placée au bon moment, avec la sonorité appropriée. La superbe production permet ainsi de mettre en valeur chaque intervenant, distinguant chaque pincement de corde, chaque note de piano, chaque arpège vocal, amenant encore un peu plus de chaleur dans le propos.
Et c'est ainsi que, planté au milieu de l'album, A Celtic Brooding in Renaissance Man vient enfoncer le clou. Le décodage du titre suffit à déterminer le style de cette plage. Mélange de musiques celtiques et médiévales, cette merveille trouverait sans peine sa place sur une galette de Minimum Vital. Et puis, sans changer radicalement de style, Leafblade va terminer ce premier effort avec des titres plus longs, peut-être plus aboutis car moins répétitifs dans leur structure. Ainsi, The Winter Waking s'écouterait sans peine à la cour d'un quelconque roi de France (ou d'ailleurs), tant le chant accompagné simplement à la guitare acoustique nous fait penser à un ménestrel. Quant à Beyond Beyond, il va finalement rassembler tous les ingrédients entendus précédemment, avant de laisser place à Sunset Eagle, véritable coda de l'album qui vient bercer de doux bruits naturels les oreilles de l'auditeur forcément sous le charme.
A l'heure de conclure cette chronique d'un album enchanteur, deux phrases me viennent à l'esprit pour inciter le lecteur à se pencher sur les 11 titres de Beyond Beyond. 1) Take a deep breath, and relax (Enigma – MCMXC) 2) Turn the Hour Glass Again (Clepsydra – More Grains of Sand). La première est à considérer avant l'écoute de l'album, la seconde à son issue...