« Les derniers seront les premiers ». Voici une bien belle maxime qui résonne dans le cœur de centaines, voire de milliers de groupes amateurs désespérant de se voir un jour toucher par la grâce d’un producteur quelconque, mais pas trop quand même, afin de pouvoir délivrer au monde les compositions qu’ils peaufinent sur des baquets de lessive OMO et autres ukulélés !
Or, au petit jeu de trouver le bon ticket, on peut sans trop d’hésitation affirmer que celui décroché par Holyhell n’est pas le plus minable qui soit : c’est en effet sous la bienveillance tutélaire de M. Joey « Manowar » DeMaio, alias « King Of Metal » ou « Amoureux des peaux de mammouths et des haches en granit », que nos Américains se préparent à nous assaillir. Pour ce qui est du genre, pas de surprise, il s’agit bien de Power Metal, rehaussé au rang de symphonique par le lyrisme de la charmante Maria Breon.
Première ombre au tableau toutefois, cela fait maintenant bien longtemps que M. Manowar ne nous a pas sorti un album digne de ce nom, et l’on peut donc légitimement s’inquiéter de ce que l’un de ses membres trouve bon de nous présenter sous mille adjectifs élogieux, résumé par les deux premières lignes de présentation sur le MySpace du groupe : « « HolyHell » is the masterpiece everybody was hoping for. Dramatic, emotional and epic! ».
Et oui cher lecteur, rien que ça ! Il semblerait donc que cette galette parvienne à concrétiser notre bel adage, car soyons honnêtes, que ce soit dans le domaine du Power Metal ou Metal Symphonique, on commence à avoir sérieusement fait le tour de la question. Ayant réalisé en effet que le Power n’avait pas grand-chose à offrir de plus que d’accélérer ses riffs pour devenir du speed, et que le symphonique poussait quasi irrémédiablement ses ouailles vers les contrées dévastées (et dévastatrices) du FM, on attend de nos jours plus grand-chose d’un album lié à l’un ou l’autre de ces genres.
Mais puisque le seul délit de faciès aurait pu nous coûter bien des découvertes dans nos vies tumultueuses de mélomanes, c’est avec conviction que j’appuyais sur le bouton Play de mon tourne-MP3.
Une heure et une poignée de minutes bien trop longues plus tard, je pressais avec la même ferveur, renforcée par une rage aveugle elle-même dissimulée sous l’écume se formant aux commissures de ma mâchoire crispée, la touche Stop qui vint enfin me délivrer de ce long périple en terre inconnue, ou plutôt en terrain connu.
Explications : avec sérieux et application, notre joyeuse bande d’Américains délivre là un premier album qui ne l’est que pris sous leur nom. En effet, sans plagiat, mais surtout sans inspiration, HolyHell nous sert une recette déjà mille fois réchauffée. Les musiciens sont techniquement très bons, après tout M. Joe Strump est tout de même de la partie, le chant n’est pas désagréable, mais les titres s’empilent sans âme et sans originalité aucune. De la ballade au piano « The Fall » à l’instrumental creux « Mephisto », le reste des compositions accumule les clichés et dépasse malheureusement les 5 minutes en moyenne bien trop souvent.
Nous débattons assez régulièrement entre chroniqueurs de la façon dont il convient de noter un album. Las de devoir m’arracher les cheveux des heures durant, je propose une triple notation pour celui qui nous occupe ici : 3/10 pour le commun des mortels, 7/10 pour les aficionados sourds et 5/10 pour votre serviteur et pour un album propre. Maintenant, si vous me demandiez si les derniers seront vraiment les premiers, je vous répondrais que rien n’est moins sûr. A vous de juger...