Dans le milieu des années 80 Ron Keel et son groupe, KEEL, faisait partie des seconds couteaux prometteurs et plus précisemment de la deuxième division de la vague "Hair métal" qui déferla d’Amérique. Le groupe était à un cil de limace de tutoyer le succès et assurait alors les premières parties de VAN HALEN, BON JOVI, DOKKEN, AEROSMITH, tout en bénéficiant de l’aide de leur Producteur de l’époque, Gene Simons (KISS). Eternel espoir, le groupe se sépara en 1989, avant de se reformer en 2008 à l’occasion d’un « Reunion Tour » qui les amena à envisager l’écriture d’un nouvel album. Celui-ci, qui sera commercialisé début 2010, propose 12 titres qui n’auraient pas dépareillés sur un vinyle estampillé "1986".
L’ensemble est assez soft et le groupe évolue toujours dans un Hard FM assez musclé. Le temps ne semble pas avoir fait trop de dégâts et on retrouve le groupe en bonne forme comme le montre « Does Anybody Believe », une belle power ballade assez classique qui donne surtout l’occasion de constater que Ron Keel possède toujours un joli brin de voix, même s'il est désormais plus à l’aise lorsqu’il ne force pas trop sur celle-ci. En effet, il est bien moins à son avantage sur des titres plus pêchus, du calibre de « No More Lonely Night », sur lesquels il est parfois un peu limite. Si cette manie de pousser la voix peut avoir un certain charme, elle se révèle surtout assez déplaisante à la longue.
Les mélodies sont bien ficelées - mais bien trop convenues -, les soli de guitares sont prévisibles au possible et il est aisé de déterminer à l’avance la place qu’ils occuperont dans les morceaux. S’ils ne sont pas placés entre 1:50 et 2:20, c’est que vous les trouverez juste avant le dernier tiers de la chanson. Enfin, les chœurs sont tout ce qu’il y a de plus académiques et donnent le sentiment d’avoir été entendu mille fois.
Ni bon, ni mauvais, "Streets Of Rock And Roll" devrait pouvoir satisfaire les fans de Rock FM et d’AOR peu exigeants. Les autres ne verront probablement dans cet album qu’une sorte de mètre étalon de ce style musical dont les recettes du genre sont ici toutes exploitées avec une conscience professionnelle sans faille, certes, mais malheureusement sans âme.