Quel excellent timing ! Si de prime abord, on pourrait s’étonner qu’avec seulement deux albums à leur actif, « Sehnsucht » et « Herzeleid », les allemands éprouvent déjà le besoin de sortir un album / DVD live, le fait est que ce « Live Aus Berlin » conclut, et de bien belle manière, un chapitre de la carrière de RAMMSTEIN. Après deux albums très directs et brutaux, le groupe va en effet par la suite incorporer plus de diversité et de finesse dans son propos. A ce titre, ce live est un excellent témoignage de la période où le groupe n’était pas encore totalement entré dans sa phase de maturité. Mais au-delà de cet à propos, cet album vient également célébrer la qualité des prestations des allemands sur scène. Bien que la réputation scénique du groupe soit pour beaucoup le fruit d’éléments visuels que l’on ne peut apprécier de manière flagrante qu’au travers du DVD, le CD leur rend également très bien hommage.
Au niveau set-list, le groupe, qui n’a alors que deux albums dans sa besace, à fait le choix… De ne pas faire de choix et de faire figurer la quasi-totalité des morceaux présents sur « Sehnsucht » et « Herzeleid ». De fait, seuls 8 titres présents sur ces deux derniers sont absents, dont « Klavier » et « [Tier » ce qui est assez surprenant (ces titres sont toutefois présents sur la version double CD ainsi que sur le DVD). Seule surprise proposée ici, l’inédit « Wilder Wein » (vin sauvage), qui fait d’ailleurs figure d’OVNI au milieu des autres titres du groupe. Ce morceau assez calme voit les guitaristes se déguiser en mexicains et utiliser des guitares sèches pour l’occasion, alors que Christoph Schneider (batterie) s’empare d’un clavier et que Till Lindemann adopte un phrasé « parlé ».
Pour le reste, peu de surprises. Bien sur, beaucoup de titres ont été légèrement adaptés ou retravaillés pour la scène dans l’optique de les rendre encore plus efficaces. Ainsi « Bück Dich » (Baisse-toi) est un peu allongée et voit son introduction modifiée, « Spiel Mit Mir » (Joue avec moi) est présentée dans une version encore plus agressive et « Asche Zu Asche » (Cendre à cendres) bénéficie du même traitement ainsi que de chœurs plus énergiques. « Heirate Mich » (Epouse-moi) voit son interprétation lui donner encore plus de puissance et de caractère, « Seeman » est présentée dans une version sans intervention de Christian Lorenz (claviers), celui-ci voguant sur le public à l’aide d’un bateau gonflable au même moment…
Mais ces changements, assez mineurs, ne bouleversent pas réellement l’optique du groupe, et nous avons là une série de morceaux surpuissants et encore plus efficaces que dans leur version studio. La recherche d’une efficacité maximum grâce à l’utilisation de riff martiaux, de chœurs imparables et de mélodies accrocheuses, est on ne peut plus d’actualité. Et le public ne s’y trompe pas, en participant de manière impressionnante à tous les morceaux, avec comme point d’orgue un « Du Hast » (Tu as) boosté (en avait il besoin ?) par des berlinois conquis.
Il faut dire qu’outre l’interprétation de compositions imparables, cet album bénéficie d’un son de grande qualité qui permet à tous les instruments d’être restitués de manière très distincte. Si on ajoute à cela le fait que Till Lindemann a considérablement progressé en matière de chant, on obtient là un petit bijou que je vous conseille vivement d’acheter en version DVD afin d’entrer de plein pieds dans la démesure proposée par le groupe.