On a là l’aboutissement d’un immense projet qui aura pris près de huit années (!!) avant de voir le jour, celui-ci étant l’œuvre de trois grands ténors, à savoir l’illustre James LaBrie (de Dream Theater, mais est-il nécessaire de le mentionner ?) accompagné de deux grosses pointures de la musique classique actuelle, Thomas Dewald et Vladimir Grishko. Les trois chanteurs se sont alors baptisés « The 3 Rock Tenors », en référence aux Trois Ténors qui s’étaient réunis afin de donner une série de concert à l’occasion de diverses coupes du monde de football, j’ai nommé Placido Domingo, José Carreras, ainsi que le mythique Luciano Pavarotti. Le projet a donc consisté dans la tâche subtile et complexe de reprendre le répertoire interprété par ces Trois Ténors et de le modifier afin de produire un habile mix entre Musique Classique et Rock, le tout sous l’égide du jeune guitariste et producteur Dirk Ulrich. Le projet a alors pris le nom de « The True Symphonic Rockestra » (TSR), et promettait une combinaison unique et nouvelle des deux genres musicaux que sont le Classique et le Rock. Un projet extrêmement ambitieux donc, et de fait impatiemment attendu…
Avec le produit final, on obtient bel et bien un rendu fidèle du répertoire de Trois Ténors, avec une touche Rock plus qu’originale, allant très généralement se ranger du côté du Métal. C’est donc en quelque sorte une version ‘métallisée’ du répertoire symphonique des Trois Ténors qui nous est présentée ici, servie avec brio par nos Trois Ténors du Rock dont les prestations vocales s'avèrent évidemment irréprochables. La voix typiquement ‘Rock’ de LaBrie se détache et contraste habilement avec les timbres classiques des deux autres. S’agissant de la musique elle-même, le portage du classique vers le Rock/Métal est plutôt réussi, les titres n’étant pas dénaturés et gagnant en dynamisme de par de multiples arrangements de guitare saturée soutenus par des rythmes de batterie énergiques venant se mêler aux arrangements symphoniques originaux.
Bien que le groupe insiste sur le fait que leur travail n'est en aucun cas une satire ou un persiflage, mais bien une tentative de transposer la musique des Trois Ténors dans le monde du Rock, il est impossible de ne pas exquisser à sourire durant l’écoute de cet album et particulièrement sur des titres qui nous sont familiers. En effet, l’ajout plutôt inopportun de guitares saturées bien graisseuses aux tons Métal sur certains arrangements symphoniques, ainsi que la cadence accélérée et extrêmement dynamique insufflée par quelques parties de batteries a une facheuse tendance à tourner l'oeuvre originelle en dérision du fait du côté décalé. Cela n’a rien de péjoratif, mais l’effet escompté n'est trop souvent pas atteint.
Ainsi, les 21 pistes que contient l’album, chacune d’une durée assez courte (d’une moyenne de 2 à 3 minutes par titre), font preuve d’un portage ainsi que d’arrangements vraiment réussis et intéressants, mais qui relèvent plutôt du comique. Pour ne citer que quelques titres, on retiendra la version très métallique de « My Way » avec ses parties de double grosse caisse contrastant avec l’atmosphère tendre et planante du morceau ; l’inévitable et désormais mythique version Métal de « Singing In The Rain » qui ne manquera pas d’arracher un sourire l’auditeur, notamment avec ses allers-retours agressifs à la guitare doublés par la double grosse caisse ; « Granada » et son solo teinté de Métal Mélo au feeling surprenant et puissant en décalage avec le reste du titre ; la chanson populaire mexicaine « Cielito Lindo » dont le portage Métal avec ses accords de guitare et ses percussions ultra dynamiques se révèle être des plus entrainants ; « La Donna E Mobile » qui prend un visage agressif comme jamais, avec une rythmique effrénée ; la puissance de « O Sole Mio » avec ses notes de guitare en fond pour la mélodie, toujours relégué par une rythmique supra-agressive sur un refrain interprété par LaBrie ; ou encore « America » où la vitesse des frappes de caisse claire rend le titre difficile à suivre…
Bref ! Au final, nous avons ici une œuvre à l’originalité sans précédent avec un portage Rock (ou plutôt Métal) de chansons mondialement célèbres très réussi, une interprétation vocale parfaite, mais dont le côté décalé ne manquera pas de surprendre ni d'amuser … A recommander aux fans des Trois Ténors et de leur répertoire musical, aux amateurs d’Opera/Symphonic Metal ainsi qu’aux curieux en quête de nouvelles sensations...