C’est l’histoire d’un guitariste de génie qui, durant la décennie qu’il a passé à Los Angeles s’est fait plein d’amis renommés dans la sphère de l’A.O.R. et qui les a convaincu de lui prêter un coup de main pour son projet du nom…d’A.O.R. L’Adult Oriented Rock donc, vous connaissez certainement. Mais pour ceux qui n’auraient porté jusque-là leur attention que sur la frange dure du Hard Rock, je vais tenter de donner un semblant de définition, l’A.O.R., aussi connu sous le nom de « Classic Rock » notamment aux States, c’est un mélange entre le Rock Mélodique (Westcoast) du genre de celui proposé par les Beach Boys, les Doobie Brothers, les Eagles, Chicago ou Toto et le Rock FM dans la veine d’un Journey, d’un Survivor, d’un Foreigner ou d’un Boston. Après ce petit intermède professoral, revenons si vous le vous lez bien à notre ami du jour, le fameux guitariste de génie.
Cet homme là a réussi à s’entourer pour chacun de ses disques de la crème des musiciens des genres susnommés et pour le petit nouveau baptisé "Journey To L.A.", il n’y est pas allé de main morte. Autour de l’habitué Tommy Denander (Radioactive, Sayit, Prisoner) nous trouvons ni plus ni moins que les vocalistes Philip Bardowell (Place Of Power, Unruly Child, Beach Boys) qui officie sur 7 des 11 titres chantés, Steve Overland (FM, Shadowman, Overland), Fergie Frederiksen (Toto), Bill Champlin (Chicago) et les guitaristes Steve Lukather (Toto), David Williams (Michael Jackson, George Benson) et Bruno Levesque (Silence). Excusez du peu ! Et quand je vous dirai que tous ces talentueux musiciens ont travaillé pour lui gratuitement, c’est dire si le bonhomme est apprécié et reconnu. Car comme il l’avoue lui-même : « vu leurs tarifs je ne pourrais même pas leur serrer la main ! ».
Ce 7ème album d’AOR est plus musclé que ses prédécesseurs, rien de bien thrash bien entendu, mais des guitares plus incisives, qu’à l’accoutumée c’est évident. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le très FM "Desperate Dreams" qui sonne presque comme du Ten (avec Fergie Frederiksen au chant), au même titre que l’entrée en matière du remarquable "Never Surrender" (avec la voix d’Overland) et son solo monumental de 4’20, ou de jeter une oreille sur l’ultra-mélodieux "Waiting In The Darkness", comme sur l’intro de riffs rêches de "Don't Turn Back".
Mais que ne s’inquiètent pas les Hard Rockers les plus cool d’entre vous, cet album vogue également du côté de Toto avec "Love Remains The Same" et ses chœurs enrobés dans du miel, et le remixé/remasterisé "Lost In Your Eyes" (avec Bill Champlin au micro) et ses nouveaux soli de guitares d’anthologie, vers Asia avec le bien mélodieux "Heartless", mais également vers Phenomena avec le superbe "View Of You".
Si vos oreilles sont encore plus sensibles, ne zappez pas car vous pourrez vous rabattre sur le très Steely Dan des débuts "West Into The Sun" interprété par Donahue.
Je garde le meilleur pour la fin avec le revisité "You're My Obsession", devenu un instrumental belissimo (vraisemblablement un des meilleurs que j’ai pu entendre) avec Bruno Levesque à la six-corde.
Enfin, comme vous pouvez le constater, il y en a (presque) pour tous les goûts. Cependant, une constante demeure, quelque soit le genre musical abordé: les guitares sont brillamment…étincelantes.
C’était l’histoire d’un guitariste de génie et, Mesdames et Messieurs, ce gentleman-là est un pt’it gars d’chez nous, hé oui, un frenchy, un parigot même ! Frédéric Slama qu’il se nomme... Alors rangez votre bannière étoilée et sortez le saucisson et le vin rouge, puis mettez votre nez à la fenêtre (point trop tout de même ça caille en ce moment) et poussez un tonitruant ‘‘Cocorico’’ ! Si les voisins vous regardent hébétés, parlez leur de Fred et proposez leur de glisser "Journey To L.A." dans leur mange-disques. Une heure après, dans votre quartier, ce n’est plus un coq qui chantera dressé fièrement sur ses ergots, mais bel et bien toute une basse-cour de gallinacés !