Presque deux ans après un We Are Nightmares mitigé, revoilà le quartet américain, ou plutôt, une nouvelle version de celui-ci, car si Arsis est doué pour quelque chose, ce sont les changements de line-up (probablement dus à la personnalité très affirmée de James Malone, qui demeure l'unique compositeur). Bienvenue donc à Nathaniel Carter à la basse, et saluons le retour du batteur historique de la formation, Mike Van Dyne.
Si tôt après un album pas folichon, était-ce raisonnable d'attendre une évolution conséquente ? Eh bien, la réponse est non. Arsis officie toujours dans ce même registre technico/mélodique très américain, et à trop vouloir en faire la formation semble s'être définitivement égarée. L'album tout entier est un déluge de riffs tonitruants vaguement liés les uns aux autres, de solis techniques à souhait... Mais à quoi bon ? L'auditeur, peut-être attiré de prime abord par une plastique alléchante, réalise hélas rapidement que tout cela manque cruellement de personnalité. Le chant de Malone est terne et ne véhicule aucune émotion, les compositions se suivent et se ressemblent, et la production elle-même ne dégage rien de particulier.
Tout n'est pourtant pas à jeter dans ce disque, en dépit de ce que le précédent paragraphe peut laisser entendre ! Les musiciens qui nous lisent trouveront certainement là de quoi attiser leur soif de dissection... Complexe, la musique d'Arsis a potentiellement de quoi régaler les amateurs de structures tarabiscotées, tout en adoptant une façade mélodique qui tend à donner un fil directeur à ces morceaux souvent très (trop) alambiqués. Mais l'auditeur lambda, lui, risque de s'ennuyer ferme, tout comme le fan de death élevé au grain suédois, qui pour sa part risque de ne même pas aller jusqu'au bout de l'album.
Voici donc une sortie difficile à juger, dans la mesure où elle peut plaire à un certain public et en dégoûter un autre, tout en laissant la majorité des auditeurs dans une indécision qui reflète à mon sens le cœur du problème. Beaucoup de bruit pour rien – ou du moins, pour pas grand chose. L'addition paraîtra salée, et elle l'est ; les férus de technicité peuvent ajouter deux points à la note, et tous les autres devraient passer leur chemin.