Fabula Magna est le troisième album des Allemands de Coronatus, groupe fondé en 2002 du côté de Stuttgart et qui n’a cessé d’évoluer dans son line-up depuis sa création (seul Mats Kurth, le batteur, est rescapé du groupe d’origine). Coronatus a la particularité de comprendre deux chanteuses en son sein. L’une d’elle, Ada Fletcher, a été remplacée par une jeune femme d’à peine vingt ans, Lisa Lasch qui évolue dans un registre typé rock assez énergique, contrebalançant parfaitement les vocaux symphoniques classiques de sa camarade de chant Carmen Lorch.
Pratiquant un métal gothique à tendance symphonique dans la lignée de Nightwish, Within Temptation ou Epica, le groupe n’avait jusqu’à présent pas vraiment réussi à se distinguer avec ses deux premières réalisations. L’ajout d’un deuxième guitariste, l’arrivée d’un nouveau bassiste,en plus de la présence d’une nouvelle chanteuse, ont semble t-il donné un coup de fouet à cette formation, qui tout en gardant un fond de heavy métal symphonique, trouve des variantes musicales bienvenues et rééquilibre l’alliance des deux voix. Par ailleurs, la diversité des langues de chant (allemand, anglais et même un peu de latin) apporte un plus réel au contenu.
Ainsi, « Geisterkirche », qui ouvre le disque, marque d'emblée la complicité et la complémentarité entre les chanteuses, le chant lyrique étant parfaitement secondé par le chant nettement plus grave de Lisa Lasch. Et même si musicalement on reste dans un heavy symphonique classique, on passe un excellent moment à l’écoute de ce titre. Par la suite, le groupe s’éloigne peu à peu de ses bases pour s’ouvrir à diverses influences.
Il y a d’abord Tantalos avec ses chœurs à la Therion, son riff joyeux presque pop et surtout des influences tantôt celtiques - Lasch y contribuant beaucoup - tantôt orientales. Cet aspect plus folk s'accentue sur Wolfstanz, qui confirme que le groupe a déniché avec Lisa Lasch une chanteuse de grand talent tant sa voix grave et en même temps encore juvénile apporte un plus indéniable à une chanson très rapide et dansante.
Puis le groupe aborde ensuite des sonorités celtiques. Avec Der Fluch d’abord, à la fois heavy, folk et entraînant, qui voit Carmen Lorch varier son chant pour aborder des parties plus épiques puis sur Flying By et ses allures de fausse ballade jusqu'à ce qu'un passage folk celtique, claviers en avant, ne vienne secouer le tout. Il y a enfin dans le même genre un formidable Der Letze Tanz magnifié par des violons virevoltants.
Sur Kristallklares Wasser, le groupe s’attaque à des harmonies plus typées Europe de l’Est, mises en valeur par les claviers et surtout par des parties de chants excellentes et très complémentaires qu’on penserait tout droit sorties d’un Kazatchok. Certes Coronatus retrouve parfois des sons plus traditionnels comme sur How Far Would You Go ou Est Carmen, mais cela n’entache en rien la très bonne impression générale.
Ce troisième album de Coronatus est donc une belle réussite à tous les niveaux. Le groupe a su s’extirper de ses habitudes musicales et son duo de chanteuses présente une osmose qui a rarement été aussi aboutie. Coronatus vient de franchir un grand palier. Il ne leur reste plus qu’à concrétiser…