Derrière le nom de Rhett Miller et derrière cet album éponyme bien inoffensif se cache bien plus d'expérience qu'on ne pourrait le croire. En effet, à même pas quarante ans, Miller est le leader de Old 97's, avec qui il a fait une brouette d'album, et en est déjà à son quatrième essai en solo. Ce n'est pas rien. D'ailleurs à l'écoute de son album, ça s'entend : le mec a de la bouteille.
Venons-en donc à l'album et je serais bref et précis (je suis à la bourre et notre chef bien aimé n'hésite pas à sous-traiter en Chine si on est trop feignants) : le résultat présenté ici se situe globalement entre passable et sympathique en fonction de votre humeur. En effet, indéniablement, le tout est bien fichu. Pas de couac, production bonne, aérée, qui donne l'impression que rien n'a été enlevé ou traficoté. Même si les arrangements sont nombreux et ont du nécessiter un certain travail de studio, tout s'imbrique avec naturel. Au delà de ce minimum syndical, certains titres font agréablement mouche, avec un sens de la mélodie certes irrégulier mais parfois très marqué comme sur 'Happy Birthday', 'Nobody Say I Love You Anymore', et surtout 'Refusing Temptation' où une trame mélodique torturée débouche par magie sur un refrain lumineux et accrocheur. Ce sens de la mélodie associé à une utilisation assumée d'une voix un peu pleurnicharde sur les bords est malheureusement trop sporadique pour enthousiasmer véritablement, mais il tire indéniablement l'album vers le haut.
Malheureusement ces quelques bons moments alternent avec des titres plus quelconques, voire franchement fatigants. Premier cas de figure : la chanson un peu ratée. Avec la même recette que sur les meilleurs titres, certains sont tout simplement moins bons, comme 'If It's Not Love', 'Caroline', ou 'Like Love', avec des faiblesses au niveau des rythmes trop saccadés, de la voix crispante, ou simplement de l'absence de mélodie forte. Deuxième cas de figure : la chanson calme. Sous prétexte de ralentir un peu le tempo, Rhett Miller verse alors allégrement dans les jérémiades. Même la guitare semble pleurer mais pas de belles larmes délicates. On aurait plutôt affaire à une grosse figure rouge et un hoquet frénétique ('Sometimes', 'Bonfire').
Le bon côtoie donc le moins bon sur cette galette. Les quelques envolées de cet album laissent penser que nous sommes plutôt en présence d'un artiste qui en garde sous la pédale et ne se livre pas à fond. Les amoureux de la folk apprécieront le talent, mais la plupart des auditeurs trouveront sans aucun doute le tout trop léger et finalement bien inoffensif.