« Stadium Arcadium » est l’album de la stabilité pour les RED HOT CHILI PEPPERS. En effet, non contents d'avoir gardé depuis 1998 le même line-up, les Chilis ont fait appel une fois de plus à l'inamovible producteur Rick Rubin. Mais surtout, ils ont conservé le même style musical. Ou plutôt devrait-on dire qu’ils sont restés fidèles à leurs styles musicaux, afin de prendre en compte la diversité d’expression des Californiens. Ainsi, aux côtés de titres mélodieux et calmes, sa marque de fabrique depuis « Californication », le groupe renoue avec ses influences Funk (légèrement laissées en retrait sur « By The Way ») en composant des morceaux beaucoup plus rythmés ; « Torture Me », « Turn It Again » « Warlocks »…
Mais il y a tout de même un fait nouveau dans ce disque, c’est son côté ambitieux. En effet, « Stadium Arcadium » est un double album qui comprend pas moins de 28 titres répartis sur deux disques, intitulés « Jupiter » et « Mars ». A cela s'ajoutent dix chansons supplémentaires qui ont été composées lors de ces cessions et n’ont fait l’objet de publications que dans le cadre de face « B » de single, ou de Bonus pour certaines rééditions d’albums. Le groupe prévoyait initialement de sortir tous ces titres au travers de trois albums différents paraissant à 6 mois d’intervalle chacun. Le très faible enthousiasme de leur maison de disque les a fait opter pour un format un peu plus classique.
Et ce choix est très heureux, car dans sa forme finale, « Stadium Arcadium » allie la quantité à la qualité, sans faire l’impasse sur la variété. En effet, si cet opus comporte des morceaux devenus des incontournables pour le groupe (« Dani Californication », « Snow (Hey Oh) », « Tell Me Baby »), il comporte également une foultitude de titres excellents : « Storm In A Teacup » et sa belle ligne de basse, « Strip My Mind », le décalé et très funky « Charlie », l’entraînant « Hump De Hump », « Readymade », « Torture Me » et son rythme énergique, « Desecration Smile », « Turn It Again », « 21st Century », « Slow Cheetah », la ballade « Hard To Concentrate », « Wet Sand » et son magnifique solo…
Comme on le voit, emmenés par un John Frusciante plus présent que jamais, les RED HOT CHILI PEPPERS ne sont pas en panne d’inspiration. Et il y a fort à parier que si le groupe avait opté pour une sélection plus serrée dans l’optique de sortir un disque simple, nulle doute que celui-ci aurait acquis un statut culte. Mais le syndrome GUNS ‘N ROSES, ou bien le je menfoutisme du groupe, est passé par là. Si cela semble dommage de prime abord en rendant l’assimilation de cet album un peu ardu, avec le temps cela se révèle être une très bonne chose. Car même plusieurs mois après la sortie de ce « Stadium Arcadium », il est toujours possible de découvrir un morceau qui ne nous avait pas sauté aux oreilles dans un premier temps.
Lors de sa sortie, le son de l’album a fait l’objet de quelques critiques qui me semblent sans fondement. Pour certains, le disque, enregistré tout comme « Blood Sugar Sex Magik » à « The Mansion », l’ancienne demeure de Houdini, pâtirait d’un mastering ayant trop fait la part belle aux effets de compression, ce qui entraînerait des sautes de son. Ils ont une bien meilleure oreille que moi ! Il est d’ailleurs à noter que le groupe aurait soumis les bandes de ce qui allait devenir « Stadium Arcadium » à quatre mixeurs différents (deux ayant une grosse expérience dans le domaine et deux novices) afin de comparer à l’aveugle le résultat. Et comme nous sommes aux Etats-Unis, l’histoire se termine bien puisque ce sont Andrew Sheps et Ryan Hewit, les deux aspirants, qui ont emporté l’adhésion du groupe.
De part sa densité, cet album n’est pas celui par lequel il faut découvrir les RED HOT CHILI PEPPERS, mais c’est incontestablement un disque incontournable du groupe, à ranger aux côtés des excellents « Blood Sugar Sex Magik » et « Mother’s Milk ».