Un nouvel album de Dare est toujours attendu comme le messie par tout fan d'Aor qui se respecte. Alors quand l'attente dure depuis 5 ans et que le retour de Vinny Burns, le guitariste prodigue des 2 premiers albums, est annoncé, c'est au bord de l'évanouissement que les aficionados retiennent leur souffle. Mais qu'ils se ressaisissent vite, car si retour il y a, c'est sur scène qu'il se fera, et non sur ce nouvel opus pour lequel Richard Dews assure une nouvelle fois les parties de 6 cordes, et ceci avec talent. D'ailleurs, Darren Wharton, qui produit à nouveau lui-même ce "Arc Of The Dawn", en profite pour lui rendre hommage en mixant la guitare un peu plus en avant.
Il faut dire que le guitariste lui est fidèle depuis le retour du groupe, et qu'il mérite bien le respect que lui porte son leader. Il partage d'ailleurs la composition de 2 titres avec lui, dont un "Kiss The Rain" semi-acoustique au refrain immédiat du meilleur effet. Quant à "When", il entre dans la catégorie des morceaux laissant entrevoir les horizons fréquentés par Dare à l'époque du légendaire "Out Of The Silence". Car si le combo continu majoritairement à creuser le sillon d'un Aor aérien enrichit de touches celtiques, il n'en oublie pas pour autant que son premier album reste celui auquel se réfèrent tous les amateurs du genre. Malheureusement, si un "Follow The River" rappelle lui aussi le dynamisme et la puissance des sentiments de cet opus, Wharton dérape un peu en reprenant carrément "King Of Spade" et "Return The Heart" (devenu "I Will Return"), dans des versions un peu allégées qui ne tiennent pas la comparaison avec les originaux. Si vous rajoutez à cela la reprise personnalisée du "Emerald" de Thin Lizzy, vous vous retrouvez avec un enchaînement de 3 titres qui font craindre un manque certain d'inspiration. Alors même si Wharton s'en défend en expliquant qu'il souhaitait par là, faire entendre ce qu'est Dare sur scène depuis des années, nous lui rappellerons qu'il existe des albums live pour cet exercice. Et quand le "The Flame" de Cheap Trick fait son apparition, cette quatrième reprise sur 12 titres que compte l'album vient renforcer l'inquiétude quant à l'inspiration du charismatique chanteur.
Pourtant, il y a de quoi rêver avec les 2 autres tiers de l'album. En effet, en dehors des excellents "Follow The River" et "When" déjà cités, Dare nous offre quelques petits bijoux tels que ce "Dublin" ouvrant l'ensemble, et sur lequel la voix chaude de Wharton accompagne parfaitement la montée en puissance du titre. L'émotion est toujours à fleur de peau et transpire aussi bien sur un titre dynamique comme "Shelter In The Rain", que sur l'envoûtante ballade aérienne "Circles" qui vient clôturer l'album. Il est d'ailleurs intéressant de signaler que c'est Paris, le fils de Darren, qui assure les solo de ce titre, comme pour en renforcer le thème traitant des cercles de la vie. Enfin, nous n'oublierons pas "Still Waiting" et "Remember", sur lesquels le groupe fait à nouveau montre de sa maîtrise de l'art de la montée en puissance, le dernier nommé étant également doté d'un solo introductif aérien gorgé d'émotion.
C'est donc un sentiment mitigé qui nous habite à l'écoute de ce "Arc Of The Dawn". En effet, nous avons l'irrésistible envie de nous enthousiasmer pour de nouveaux titres qui nous rapprochent des sommets fréquentés par Dare à ses débuts. Alors bien sûr, il y a ce tiers d'album composé de reprises à l'intérêt discutable, et qui pourrait faire craindre le tarissement de la source d'inspiration de Darren Wharton, surtout après 5 ans d'attente, mais nous préfèrerons retenir l'éclat de la majorité de ces chansons gorgées de mélancolie et de mélodies dont le groupe a le secret. Si vous ne connaissez pas encore Dare, cet album vous permettra de découvrir un univers rare et addictif. Pour les autres, pour peu que vous réussissiez à pardonner la petite dérive des trop nombreuses reprises, vous pourrez aisément profiter du meilleur de ce que sait proposer ce groupe rare.