Au pays de l’Oncle Sam, un acteur de western est bien devenu Président, alors, un acteur qui forme un groupe de Rock ayant pignon sur rue n’étonnera pas le moins du monde. Jared Leto, vous connaissez ? Si vous avez vu les films « Alexandre », « Fight Club », « Requiem for a Dream » et « Panic Room », vous n’avez pas pu le louper. Par contre vous avez peut-être pu manquer le beau gosse lorsqu’il change de costume et pousse la chansonnette dans un micro, une guitare en bandoulière, accompagné de son frère Shannon à la batterie. Pourtant, son groupe 30 Seconds to Mars en est à son troisième opus en sept ans avec ce « This is War » et draine dans son sillage un nombre de fans qui ne cesse de croître au fil du temps.
La première analyse à faire de ce nouvel opus pourrait être la suivante : chant "Emo" de plus en plus appuyé évoquant un mélange entre Bono et Gerard Way de My Chemical Romance, guitares en écho à la The Edge (le gratteux de U2), production en béton armé assurée par Flood, de son vrai nom Mark Ellis (Smashing Pumpkins, Nine Inch Nails, U2), ce « This Is War » est quelque part le parfait point de convergence entre My Chemical Romance, U2 et Muse.
Une analyse un peu plus poussée pourrait ressembler à ça : après l’entrée en matière préparatoire « Escape » (on commence donc par la sortie !), une intro à peine chantée, on enchaîne avec une succession de hits impressionnante : « Night of the Hunter » (annoncé en français !), un titre coincé entre U2 et Depeche Mode avec un refrain lumineux, « Kings and Queens » (le single), un morceau à la mélodie très « porteuse » dont vous trouverez la vidéo ci-dessous, le formidable « This is War » et sa mélodie éclaboussante (en écoute à gauche de cette chronique), l’exceptionnel et tranquille « Hurricane » à la mélodie vraiment envoûtante et à l’improbable break Hip Hop Electro de Kanye West (le rappeur producteur) pourtant remarquablement imbriqué. Mais également « Closer to the Edge », qui rappelle U2 (tiens, comme c’est étonnant), comme « Vox Populi » et ses énormes chœurs mêlés à des rythmes évoquant « We Will Rock You » tout autant que « Search and Destroy » (Bono sort de ce corps !), une fois de plus mélodiquement irréprochable, et « Stranger In a Strange Land » (rien à voir avec Maiden) et son côté électro-futuriste rappelant aussi bien le premier opus du groupe que Nine Inch Nails.
Alors bien sûr, on peut aussi ne pas supporter Leto et son prêchi-prêcha spirituelo-mystico-fraternel, être saoulé par ses histoires de martyr, de messie, de prophète et de leader, parler d’embrigadement de masse en se documentant sur la communauté des fans de 30 Second to Mars (« les soldats » de la Mars Army dont la division d’élite se nomme « Echelon »). On pourra ainsi, calé dans son dénigrement, critiquer aisément le refrain-chorale de « Vox Populi » qui se la joue peut-être un peu trop porteur de l’étendard humaniste, les cris de liesse de la foule sur « 100 Suns » qui accentuent encore l'aspect ‘‘prédicateur’’ du groupe et les gargouillis incantatoires achevant « L490 » qui rappellent le côté ‘‘secte’’ ci-dessus évoqué.
Certes, mais si pour vous comme pour moi l’essentiel est ailleurs, vous saurez apprécier l’atmosphère de cet opus, ses envolées mélodiques, sa hargne tempérée et l’approche hymnique de la musique des Américains. 30 Seconds to Mars n’est pas un OMNI (Objet Musical Non Identifié) ni une soucoupe sonnante, 30 Seconds to Mars est simplement un bon groupe de Rock Alternatif qui a métallisé son propos sur ce « This is War », album qui devrait au moins leur permettre de remporter une bataille s’il ne leur fait pas encore gagner la guerre.