Après un Wolfbiker qui, bien que moyen, représentait un pas en avant pour le combo floridien, Almost Home voit Evergreen Terrace poursuivre cette voie vers la diversité, avec plus ou moins de réussite, le groupe ayant malheureusement omis de passer par la case maturité. Perpétuellement pré-pubère, il s'égare entre hardcore, thrash et punk rock, sans jamais réussir à définir sa propre musique, qui se retrouve coincée dans une éternelle adolescence à laquelle on attend toujours qu'elle échappe...
Le côté potache a toutefois perdu de son importance, et on devine un désir évident d'apparaître plus sérieux que par le passé, mais l'équilibre maladroit entre punk rock à la Offspring et tentatives de faire du "vrai métal" a décidément du mal à exister sans ridicule, à l'exemple de "Failure To Operate", morceau violent à souhait, à l'effet complètement ruiné par un refrain de kermesse californienne qui hérissera les poils de tout metalhead qui se respecte.
A l'inverse, lorsque le groupe ne cherche pas à transiger, le résultat est étonnamment bon. "The Letdown", brûlot thrashisant de moins de 2 minutes, est d'une efficacité confondante que l'on n'attendait pas de la part d'Evergreen Terrace. Piochant ici et là chez d'autres formations plus affirmées (relents plus ou moins évidents de Chimaira, Lamb Of God, Unearth et d'autres), le quintet montre une sincère volonté de passer enfin à l'âge adulte, mais ne s'en donne hélas pas les moyens. Regrettable ! Andrew Carey a beau muscler son chant (y compris en voix claire), Kyle Mims a beau donner dans la double pédale mitrailleuse par endroits, dès que l'ombre d'un bon morceau énervé se pointe, un refrain/pont/riff digne d'une vidéo de skate vient mettre à mal les espoirs de l'auditeur, maintenu sur le fil du rasoir du début à la fin de l'album. Et le fil, à force d'y passer le doigt dans un sens puis dans l'autre, finit par couper. Ce que l'auditeur, pas masochiste à ce point, fera probablement aussi en remettant le disque dans son boîtier pour ne plus l'en sortir.
Almost Home est un exercice de style bien peu convaincant de la part d'Evergreen Terrace, qui en dépit d'une envie manifeste de coller à la "hype" extrême de ces dernières années, mâtine son "punkcore" d'éléments thrash et death sans leur laisser l'espace nécessaire à une symbiose qui aurait considérablement relevé le niveau du disque. On en vient même à se demander pourquoi ces girouettes n'ont pas plus suivi le sens du vent, au lieu de lutter contre ! Ce sera peut-être pour la prochaine fois, mais combien seront ceux qui auront la patience et la bonne foi de donner une chance supplémentaire à un groupe qui a semble-t-il tiré toutes ses cartouches ?