Torben Enevoldsen est un guitariste et compositeur danois que vous avez peut être croisé lors de votre rencontre avec ses deux groupes que sont Section A et Fatal Force. Les deux formations évoluent dans une veine Métal Mélodieuse dont les opus n’avaient pas fait se lever comme un seul homme la horde de chevelus qui sévit chez MW (je connais quelques micro-capillarisés qui vont bomber le torse). Ce relatif énervé du manche s’est un beau jour dit qu’il serait temps de rendre plus mélodieux ses propos. Quelle motivation l’y a poussé ? Est il tombé amoureux, a-t-il assisté à « un vol de perdreaux par dessus les champs monter dans les nuages* », a-t-il retrouvé son ours en peluche en rangeant son grenier ? L’histoire ne le dit pas, mais elle conte en tous cas son souhait de faire appel dans son entreprise à quelques amis à lui gravitant dans la sphère de la mélodicité musicale.
Ainsi naquit Acacia Avenue et son album éponyme en ce début d’année 2010. La scène du Hard Rock Mélodique, du FM et de l’AOR étant, quoique l’on puisse penser, relativement encombrée de nos jours, quelle place peut y trouver un nouveau combo emmené par un Metal boy ? Son idée est-elle digne d’intérêt ? Pour répondre à ces questions pertinentes, tâchons de voir de quoi est constitué ce produit danois.
Pour commencer, il faut que vous sachiez que le sieur Tony Mills est de la bataille en tant que chanteur et compositeur. Voilà donc une nouvelle qui peut à la fois avoir le goût de la figue et celui du raisin. Je m’explique, ce vocaliste compositeur est le frontman de Shy (qui, et c’est dommage, n’a pas sorti de nouvel album depuis son fameux opus très Journeyien de 2005 « Sunset and Vine ») et celui du nouveau groupe State of Rock (qui vient de sortir un très bon « Point of Destiny » chroniqué en ces pages) ce qui peut paraître plutôt engageant. Toutefois, il est aussi le chanteur qui a succédé à Tony Harnell dans TNT. Or, force est de constater que les deux albums auxquels il a participé ont été proches du déshonneur pour le groupe et là, on peut donc avoir un peu les pétoches pour Acacia Avenue.
Pour ne pas trop longtemps vous laisser perturber par une inquiétude sournoise, je vous rassure tout de suite « Don’t Call Me Tonight » et « Wait No More », les deux morceaux co-écrit avec Torben Enevoldsen sonnent comme le TNT que nous apprécions ou un Place Vendome que nous chérissons également. Ouf !
Afin de poursuivre l’étude de l’objet vous devez également savoir que Geir Rönning, le frontman de Radioactive et de Prisoner (et accessoirement représentant de la Finlande au concours Eurovision de la chanson en 2005 l’année précédant celle où Lordi a fait sauter la banque) est également de la partie. Habitué à vocaliser sur de l’AOR, il a co-écrit avec Torben Enevoldsen “Hold On”, “No Looking Back” et “Digging” morceaux dans lesquels on croise Toto, AOR, 101 South et Harlan Cage.
Le reste de l’album a été composé par Enevoldsen et, comme on vient de le constater à l’évocation des morceaux précédents, on reste sur ces autres titres ballotés entre des chansons de Hard Rock Mélodique et des compositions de pur AOR accompagnées d'un titre à la Van Halen ("Jamie’s In Love").
Cet opus s’écoute donc sereinement, sans effort de concentration mais sans émotion phénoménale non plus et c'est bien dommage. Nous sommes simplement en présence d’une nouvelle pierre à l’édifice construit par la frange cool des Hard Rockers. Ici, on parlera plutôt de caillou, un beau caillou certes, mais un caillou tout de même.
* un grand merci à Michel Delpech pour m’avoir prêté ces quelques vers de sa chanson « le chasseur ».