Sorti quelques mois après le Works I, ce second volume des “Œuvres” d’ELP part dans une direction tout à fait opposée : si le premier volume est une réelle création, celui-ci est plus une compilation, mais malheureusement une compil’ de morceaux qui n’ont trouvé place dans aucun album précédent.
Il est rare qu’un album composé de “chutes” donne un résultat concluant. Works II n’échappe hélas pas à cette règle funeste. Hétérogénéité semble être le maître mot de cet assemblage, tant au niveau des compositions que de la production ou même de l’esprit musical. Ne cherchez pas ici l’élan progressif qui transpirait du moindre titre des albums précédant “Works”. Les courts morceaux réunis ici sont tous très différents, représentatifs de certains savoir-faire du trio, mais pas vraiment complexes. Aucune ligne directrice, pas d’unité dans ce bric-à-brac, à l’auditeur de picorer parmi les ballades de Lake (Watching Over You, mielleux, ou I Believe In Father Christmas, mieux réussi dans une version non orchestrale), les instrumentaux-synthé d'Emerson (When The Apple .., peu consistant), les inventions de Palmer qui confirment que Carl est un bien piètre compositeur (Bullfrog, Closer But Not Touching), ou enfin parmi les rares titres qui “sonnent” ELP (Brain Salad Surgery, à la rythmique impeccable).
Quant aux interprètes, ils surnagent de ci, de là, au milieu de ce petit n’importe quoi : La voix de Greg est plutôt pas mal sur Show Me The Way To Go Home, la batterie de Carl est plutôt minable sur ses morceaux, et beaucoup plus imaginative par moments (So Far To Fall), et pour les claviers de Keith, seul le piano est bien mis en valeur, notamment sur les excellents ragtime Barrelhouse Shake-Down et Honky Tonk Train Blues - une reprise d’un titre de 1927 !
Ce fourre-tout pas vraiment digeste signe le début de la fin pour Emerson, Lake & Palmer. Autant on peut reprocher une ambition un peu délirante dans le volume I de Works, autant ce volume II démontre un manque d’ambition flagrant, et sent la récupération de fonds de tiroir à plein nez. Le calamiteux Love Beach, paru un an plus tard, confirmera malheureusement la perte d’inspiration du trio, qui, en s’éloignant de son esprit premier, a perdu son âme ...