Comme je l'écrivais ici il y a peu, Ageness semblait avoir disparu après leur album Imageness (1998) et eux-mêmes ne sont pas bavards au sujet de cette longue traversée du désert. On retrouve des traces du groupe dans des compte-rendus de concerts et festivals avec des set-lists dans lesquelles les anciennes compositions du combo côtoient les reprises de Rush ou de Peter Gabriel... C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis penché sur ce Songs From The Liar's Lair, une des dernières arrivées des 00's (allons-nous prendre l'habitude de nommer ainsi cette décennie qui fait déjà partie du passé ?).
"Entering", le bien nommé titre instrumental introductif, semble confirmer qu'Ageness a opté pour la continuité dans le changement, mais... Les apparences peuvent être trompeuses et, sur ce préambule aux accents symphoniques, le groupe va enchaîner avec un "Martial Arts" pêchu où l'on retrouve l'influence, toujours reconnue par le groupe, de Rush. La voix y est évidemment pour beaucoup, mais les prouesses de Kari Saaristo sont également du niveau de celles de Neil Peart. Pour autant, Ageness ne se cantonne pas à ses inspirations rushiennes et sait varier les plaisirs. Et le mot plaisir trouve tout son sens avec la piste suivante, "The Lie and the Liar", un titre tonique très néo-progressif avec une longue évolution mélodique qui s'étire avec emphase sur les 2'30 finales, une sortie magnifique !!
Les titres se suivent et chacun amène son lot de bonnes surprises... Le solo de guitare de "Why Don't You Go Away" qui enchaîne sur un duo entre le piano et une sonorité de violon, ou la magnifique intro lente au piano de "The Lament Of Ghosts" suivie d'un chant poignant posé sur les accords d'une guitare acoustique... Puissant ce "The Lament Of Ghosts", peut-être mon titre préféré de cet album, mellotronesque... Et tout serait parfait avec ce Songs From The Liar's Lair si les Finlandais n'avait pas eu la fâcheuse idée de sacrifier à la mode de la piste cachée. Ici on doit subir un peu plus de 3 minutes de silence (de 6'20 à 9'25) dans "Liar's Lair", le dernier titre de l'album. Cette coupure n'apporte rien et gâche même un peu cette excellente composition en laissant trop retomber l'ambiance créée par une première partie très symphonique avant de nous servir les trois dernières minutes plus musclées.
Ce retour "aux affaires" d'Ageness est une réussite et ce Songs From The Liar's Lair est le meilleur album de la courte discographie des Finlandais. Il mérite toute l'attention des amateurs de rock néo-progressif, bien sûr, mais ses petites incursions dans des genres moins immédiats rehausse sa saveur mielleuse de quelques fantaisies épicées qui pourraient toucher un public plus large. Ce sera ma première recommandation de l'année !