Partie intégrante de la New Wave Of American Heavy Metal, The Black Dahlia Murder (TBDM) est un de ces groupes qu'on aime détester et qu'on déteste aimer. Je ne développerai pas plus ce propos, mais les connaisseurs du groupe comprendront certainement ce petit sentiment procuré par ces barbus américains.
En à peine trois albums, le groupe est devenu un des leaders de la scène métalcore américaine et du mouvement deathcore en particulier. Avec son précédent opus, "Nocturnal", TBDM avait voulu souligner son appartenance avant tout à la grande famille death métal et se détacher de cette étiquette métalcore qui lui colle à la peau. Les Américains proposaient alors un artwork particulièrement sombre (en hommage également à Dissection), le contenant reflétant plutôt bien le contenu. Ceci ayant été semble-t-il bien compris avec "Deflorate", TBDM nous revient avec un artwork déjanté que n'aurait pas renié un groupe psychédélique.
Cependant, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le groupe, pas la peine de sortir son narguilé, car la musique de TBDM loin de faire planer est un pur concentré de deathcore qui vous ramène à la dure réalité des choses et vous ancre bien sur terre. Ce nouvel opus s'inscrit d'ailleurs dans la lignée du précédent effort discographique, "Nocturnal".
Sans doute un peu moins sombre et à l'urgence peut-être un peu plus fracassante, on y retrouve, malgré tout, les mêmes ingrédients à peu de choses près : batterie galopante et "blastique", riffs death métal, à la fugacité parfois thrashy ("Death Panorama"), riffs balancés à l'emporte-pièce et parcourus de mélodies efficaces sans être renversantes comme sur "Eyes Of Thousand".
Si "Deflorate" s'avère un album rentre-dedans, plutôt bien foutu et à la durée efficace avec ses 34 minutes au compteur, on reste cependant un peu sur sa faim car il n'y a pas grand chose de vraiment très accrocheur, exception faite du titre "Necropolis", particulièrement inspiré et percutant. On en retiendra peut-être aussi le plutôt heavy métal "I Will Return" en léger contraste avec le reste du disque.
En dépit de ses qualités indéniables tant techniques que mélodiques, cet album s'avère au final plutôt décevant. La faute à TBDM qui nous avait proposé auparavant des disques assez différents les uns des autres, le contraste évolutif de sa musique étant particulièrement saisissant entre "Miasma" et "Nocturnal". "Deflorate" pourrait presque s'apparenter à une fin de montée en puissance. TBDM se contente cette fois-ci de surfer sur le succès de "Nocturnal", en proposant peu ou prou la même chose. Il n'y a plus qu'à espérer que cet album ne soit en définitif qu'une simple parenthèse, une sorte de pallier de décompression avant de reprendre l'ascension.