Voila un disque qui va faire parler de lui, et dans tous les sens du terme. En effet, Enochian Theory nous offre un album non dépourvu d’intérêt qui va rassembler les amateurs du métal et les progueux de base autour d’un thème commun : métal ou prog ? Pour vous rassurer tout de suite, la discussion risque d’être de courte durée car ces deux composantes sont présentes dès l’entame du disque et la ressemblance avec Riverside ne serait que pure coincidence.
Mais avant d’aller plus loin dans une analyse il me faut vous présenter le groupe qui vient de commettre ce méfait. Formé en 2004, Enochian theory est déjà l’auteur d’une démo 7 titres parue en 2005 et d’un album né en 2006, distribué en 2007. Pour "Evolution Creatio Ex Nihilio" le groupe s’est adjoint les services de David Castillo, producteur entre autres de Katatonia et Opeth. Les 3 musiciens (Voix/Guitares, Basse, Batterie) sont accompagnés d’un orchestre symphonique, mystérieusement appelé « The Lost Orchestra », qui se charge des claviers et autres instruments à cordes tels que les violons et violoncelles. Il intervient dans sa forme orchestrale sur une bonne moitié des titres apportant une charge émotionnelle non feinte (The Fire Around The Lotus par exemple) parfois injustement gâchée par des grunts malvenus. Légère erreur de parcours donc car le gosier du sieur Ben est pourtant magnifique, au croisement de Alan Reed (Pallas), Maurits Kalsbeek (du feu Egdon Heath) et Marius Duda (Riverside).
Enochian Theory surfe donc sur la vague que Riverside a su créer quelques années auparavant. La copie est manifestement palpable dès Tedium/The Dimensionless Monologue avec sa basse prédominante et les coups de boutoir assenés par une batterie supplée par des synthés en totale liberté. Pas dérangeant mais pas révolutionnaire non plus.
Les morceaux plutôt longs – de cinq à sept minutes - sont régulièrement reliés entre eux par des interludes parfois purement orientés métal, parfois tendance bruitages futuristes (le titre introductif ou The Living Continuum). Ces derniers ne portent donc pas préjudices aux autres plages plus en longueur et seraient même plutôt bien choisis (l’enchaînement Movement/After The Movement/Waves Of Ascension). A Monument To The Death Of An Idea est quant à lui un peu à coté de la plaque et fait tâche dans l’ensemble avec son coté « j’extériorise-ma-haine-adolescente-subitement-apparue ». Heureusement pour l’auditeur celui-ci se trouve en fin d'album.
Enochian Theory propose donc une musique très bien réalisée et manifestement travaillée avec soin mais sans surprise. Si l’album regorge d’une foule de titres passionnants, il risque cependant de rester dans l'ombre de ses références. Voilà donc un groupe à suivre compte tenu de la qualité des compositions qui devra maintenant confirmer toute l'étendue de son talent sur sa prochaine offrande.