Deux ans après le deuxième opus « Chest Rockwell vs. The World », le temps de reprendre ses marques et le combo américain revient avec neuf titres regroupés sous un triomphaliste « Total Victory ». Peu de chose ont changé au final depuis la dernière fois, si ce n’est le recrutement d’un cinquième larron pour jouer des cordes sur « Body Prop 2 ». La rapidité pour mettre tout ceci en boîte reste aussi comme à leur début une marque caractéristique : seulement trois petits jours auront suffit à son enregistrement sous la houlette une nouvelle fois de Jon Craig.
Chest Rockwell s’en prend à son rock estampillé néo-progressif avec une grande dose de groove ; chose une fois encore déjà rencontrée chez eux. Le duo de guitares ne cesse de s’imposer comme l’élément entraînant, catalyseur de l’énergie globale, Nick Rouse fait figure de batteur émérite et porteur lui aussi d’une belle vitalité. La tonalité est donnée et ne baisserait d’un ton qu’avec « Within 10 Paces I Cannot Fail » sur lequel une guitare égraine solitairement quelques notes bluesy sur fond de vieilles archives radio. La musique de Chest Rockwell n’est d’ailleurs pas très solennelle dans ses thèmes musicaux, privilégiant l’ardeur à une quelconque formalité. Le slam introduisant Body Prop 3 pendant lequel Josh Hines récite, impassible, ses paroles sous fond de musique atmosphérique et de bruit de vagues, est à ce titre plutôt une exception sur l’album.
Désormais initiés, les Américains à travers ce « Total Victory » manquent pourtant cruellement d’envergure, comme si le groupe en gardait sous le pied en permanence. Le quartette joue bien, d’autant que la production les met en valeur, mais les compositions n’avancent jamais vraiment vers la clarté. On reste dans une tiédeur, pas forcément désagréable, mais qui éveille assez peu l’émoi. Le groupe tente sur les derniers titres de passer vers du plus électrique, en lâchant les distorsions, mais le moule ayant servi à confectionner les premières mélodies semble avoir été utilisé d’un bout à l’autre de l’album.
Avec un pareil titre, Chest Rockwell pouvait s’attendre à un épilogue de chronique assez évident, en forme de pirouette verbale, que le jeu de mot soit en leur faveur ou pas. Toujours est-il que personnellement je me situerais du côté des sceptiques car on sent une avancée musicalement parlant, mais une stagnation quant à l’intérêt de ce « Total Victory ».