Chest Rockwell est né dans le Kentucky en 2003, d’abord en tant que projet solo du guitariste Josh Hines, puis rapidement sous la forme d’un véritable combo à quatre têtes. Deux ans plus tard, sort « Back to Square One » dévoilant toutes les influences assumées des Américains telles que Yes et Rush. Mais c’est surtout avec « Chest Rockwell Vs. the World », enregistré en seulement trois jours, que la formation se fera véritablement connaître.
Attirés par les rythmes alambiqués, les variations de thèmes et de genres musicaux, ces quatre américains s’inspirent très facilement du rock progressif sur fond de tempos jazzy mais aussi d’âpretés plus métal. A ce titre, Josh Hines mène l’embarcation de sa vive allure, imposant son instrument comme fil conducteur des morceaux. Le groove de sa guitare et de la basse se mêle alors aux plans plus jazz de Nick Rouse, participant à intensifier par moment la vitalité mais aussi l’aspect bigarré des morceaux.
On est tout de même assez loin d’un travail en forme d’expérimentation à tout prix. La pièce « Warm Towels For E », sorte de trou normand en milieu d’album après une entrée déjà bien nourrissante, en est, bien que le seul, l’exemple évident : une guitare sèche berce l’auditeur au son de légers chants d’oiseaux. Ce titre, à l’inverse des autres une nouvelle fois, fait figure de contre-pied doux et mélodieux dans ce patchwork chamarré.
Néanmoins, Chest Rockwell insiste sur le caractère changeant de ses univers, évoluant dans des remous plus ou moins marqués. Les titres de plus de huit minutes, qui pourraient prendre leur temps pour développer une trame particulière, sont au contraire le terrain de motifs musicaux versatiles, et à ce titre, cette variété peut à force sembler primer sur l’harmonie de l’ensemble.
« Chest Rockwell Vs. the World » risque d’être un combat inéquitable, pour lequel le second aura peut-être du mal à comprendre le premier. Non pas que ces trois quarts d’heure manquent de cohérence mais plutôt de carrure, de celle qui légitime une écoute répétée et appréciée. Ces jeunes là sont encore loin de la catégorie poids lourd.