Si vous n'avez pas encore prévu de catégorie rock progressif folklorique dans la classification ô combien élaborée de votre discothèque, c'est peut-être le moment d'en créer une. Mais attention, pas au sens folklorique comme on l'entend chez nous, à grands coups de bourrées sautillantes sur thème d'accordéon. Non, de même que certains groupes font de la fusion en mélangeant rock et jazz, Alamaailman Vasarat fait de la fusion en faisant se rencontrer le rock et le folklore d'Europe de l'Est.
Les deux premières références qui me sont venues à l'esprit en découvrant ces finlandais sont tout d'abord After Crying, que je ne présente plus, et Georghe Zamfir. Ce dernier, avec sa flûte de pan, faisait régulièrement vibrer les dimanche après-midi d'une grande chaine de télévision française dans les années 70's et 80's. Loin de ce folklore "commercial", ce même instrumentiste avait également publié bon nombre d'albums inspirés du folklore tsigane et dont l'on retrouve de nombreuses caractéristiques chez Alamaailman Vasarat.
Vous l'aurez compris : on a de nouveau droit ici à un groupe très original qui permet d'ouvrir un peu plus nos horizons musicaux.
La première particularité est bien évidemment les instruments utilisés, aux sonorités bien particulières : trombone, violoncelle, didgeridoo autour des classiques batteries et claviers du rock. L'absence de chant vient accentuer l'aspect original de la musique et, quoique vous en pensiez à la fin de votre écoute, vous ne pourrez qu'honnêtement admettre que ça n'est pas tous les jours que l'on entend ce genre de choses.
Les compositions, quant à elles, sont très équilibrées, ce qui n'était pas évident à priori vu l'orientation prise par le groupe. Le risque était bien sûr de privilégier plus une influence que l'autre ou de se laisser aller à des longueurs, s'attardant beaucoup trop par exemple sur un thème folklorique. Mais ça n'est heureusement pas le cas et l'ensemble revêt une grande légèreté. C'est d'ailleurs une grande surprise car force est d'admettre que la première écoute d'une telle production n'est pas réellement agréable. En effet, il faut arriver à digérer non seulement l'originalité générale mais également quelques choix musicaux comme l'ambiance et les sonorités de "Hakumies", le dissonant "Kebab tai Henki" ou l'hilarant "Mamelukki ja Musta Leski" qui, avant de vous paraître tellement irrésistible, vous paraîtra surtout extrêmement insupportable.
Passé l'étonnement de la première écoute, ce premier album de Alamaailman Vasarat est en fait une excellente production qui constitue une curiosité musicale à découvrir. Evidemment, beaucoup d'entre nous seront déroutés et auront peut-être même tendance à discuter sur la place de ce groupe dans nos pages mais je vous encourage plus que jamais à donner leur chance à des musiciens talentueux et extrêmement inventifs.