Depuis 1994, date de sortie de leur premier opus « Sahara », Orphaned Land n’a eu de cesse d’enchanter le monde métal avec leur death folk progressif particulièrement épique. Mais c’est véritablement en 2004 avec la sortie de « Mabool » - considéré à ce jour comme leur chef d’œuvre ultime - que le combo israélien a gagné ses galons de groupe métal de référence auprès du grand public. Il va sans dire que la sortie de son successeur allait être épiée par tous les néo-fans et leur interminable attente est enfin récompensée par pas moins de 78 minutes de musique épique… Cerise sur la galette, cette dernière est mixée par Steven Wilson himself, en espérant que le résultat sera aussi couronné de succès que les désormais cultes albums d’Opeth qu’il a produit (« Blackwater Park » et « Deliverance » en tête).
Comme ses glorieux aînés, « The Never Ending Way Of ORwarriOR » est une grandiose épopée, un dépaysement musical total mixant talentueusement parties métal variées (death prog, black, thrash…) et folk orientales à grand renfort de violon et d’instruments traditionnels (bouzouki, percussions, flûtes arabes…), sans compter la multiplicité des chants aussi bien en terme de langues (hébreu, anglais, arabe, yéménite…) qu’en terme de variété avec notamment les parties chantées par Shlomit Levi qui sont un perpétuel enchantement !
A cet égard, c’est cette dernière qui ouvre ce nouveau livre avec l’entame « Sapari », morceau nous entraînant dans ce nouveau conte des mille et unes nuits métallique, manifeste relatif au conflit israélo-palestinien. Au-delà de toute considération politique, Orphaned Land nous embarque dans son merveilleux périple avec comme point d’orgue les magnifiques « Treading Through Darkness », « The Warrior » et son long solo heavy particulièrement mélodique… Comme « Mabool », « The Never Ending Way Of ORwarriOR » alterne merveilleusement titres métal (« Barakah ») et intermèdes acoustiques folkloriques (le sublime « His Leaf Shall Not Wither », émouvant à souhait) aux harmonies vocales belles à pleurer (le final de « New Jerusalem »)…
Nous pourrions passer en revue les quinze titres que compte ce « The Never Ending Way Of ORwarriOR » tant ils sont tous envoûtants, tant le génie du combo - qui réside dans la capacité à rendre totalement naturel ce métissage musical a priori improbable - force au respect… Le mixage de Steven Wilson permet cette osmose musicale même si l’apport du leader de Porcupine Tree n’est pas une évidence pour ceux qui connaissent les travaux passés du combo ; mais son jeu de clavier sur notamment le mélancolique « Vayehi Or » est reconnaissable entre tous…
Ceux qui ont plébiscité « Mabool » se délecteront de ce « The Never Ending Way Of ORwarriOR » qui reprend ingrédient par ingrédient la recette de son prédécesseur, ce que regretteront les esprits chagrins… Mais peut-on décemment stigmatiser un manque de variété quand la musique d’Orphaned Land résume à elle seule la variété ? N’en doutons pas, « The Never Ending Way Of ORwarriOR » est un nouveau chef d’oeuvre qui s’appréhende comme un voyage riche en émotions variées et consacre Orphaned Land comme grand représentant des groupes à approche cinématographique ! Orphaned Land est grand mais cette majesté a un prix : six années de travail acharné ! Condition supplémentaire pour profiter pleinement et sans arrière pensée de ce nouvel enchantement !